Tunisie. Djerba : Polémique autour de photos d’otages israéliens à la Ghriba

Une française de confession juive prie pour Ran Gvili, otage israélien détenu à Gaza depuis l’attaque du 7 octobre 2023, dans la synagogue de la Ghriba à Djerba, lors du pèlerinage annuel de mai 2025. (Photo : FETHI BELAID / AFP)
Alors que l’édition 2025 du pèlerinage juif de la Ghriba sur l’île de Djerba en Tunisie s’est passé cette année sous haute surveillance pour des raisons sécuritaires, certains pèlerins venus prier avec des photos de prisonniers israéliens à la main, suscitent la controverse en politisant ce rendez-vous annuel habituellement festif et œcuméniste.
Le pèlerinage annuel à la synagogue de La Ghriba sur l’île tunisienne de Djerba s’est déroulé de nouveau en comité restreint à partir de la mi-mai courant en raison du contexte sécuritaire en Tunisie et de la guerre à Gaza. Le nombre de pèlerins ne dépassait ainsi pas la trentaine, la plupart d’origine tunisienne. Ils ont en outre participé à des rites religieux exclusivement à l’intérieur de la synagogue.
Des forces de sécurité spéciales étaient déployées et visibles autour de l’édifice, théâtre il y a deux ans d’une attaque armée ayant fait cinq morts, deux fidèles juifs dont un franco-tunisien et trois gendarmes.
Colère des locaux et de l’opinion en Tunisie
Provocation délibérée où acte destiné à ne pas être publié ? Quoi qu’il en soit la diffusion d’images montrant des participants à la visite annuelle du temple de la Ghriba brandissant des photos de prisonniers israéliens suscite une vive polémique dans le pays.
Ces scènes de recueillement, relayées notamment par l’AFP, interviennent en effet dans un contexte marqué par les tueries de civils commises à Gaza et ravivent le débat brûlant sur la normalisation avec Israël. « Les slogans affichés, associés à une campagne israélienne appelant à la libération des otages du 7 octobre 2023, ont été perçus par de nombreux Tunisiens comme une atteinte à la souveraineté nationale et un affront à la cause palestinienne », relaye un média national.
Plusieurs voix au sein de la société civile ainsi que des militants pro palestiniens ont également dénoncé le silence des autorités, rappelant les déclarations officielles du pouvoir contre toute forme de normalisation.
L’affaire relance les interrogations sur l’encadrement de la visite de la Ghriba et sur l’identité réelle des participants, certains étant soupçonnés d’entretenir des liens avec l’occupation israélienne et voyageant avec des passeports d’autres nationalités en provenance de Turquie et d’autres pays tiers.