Tunisie. Attaque de Djerba : 5 morts et une dizaine de blessés

 Tunisie. Attaque de Djerba : 5 morts et une dizaine de blessés

Selon les organisateurs, plus de 5.000 pèlerins juifs, essentiellement venus de l’étranger, participaient cette année au pèlerinage de la Ghriba, plus ancienne synagogue d’Afrique

L’une des victimes de cette attaque perpétrée dans la nuit de mardi par un gendarme tunisien est de nationalité française. Des coups de feu nourris ont été entendus aux abords de la synagogue de la Ghriba sur l’île de Djerba aux alentours de 20h30 heure locale. Au moins trois policiers et deux visiteurs sont morts selon un bilan provisoire. Un quatrième policier est en soins intensifs.

Panique et désolation dans l’enceinte de la Synagogue aussitôt encerclée par des forces armées

Deux fidèles qui participaient à un pèlerinage juif dans la synagogue de la Ghriba, sur l’île de Djerba, ont été tués mardi 9 mai au soir dans une attaque perpétrée par un gendarme qui a aussi tué trois de ses collègues avant d’être abattu, a annoncé le ministère de l’Intérieur vers minuit. Une version officielle venue couper court à une multitude d’approximations, de dénis et de théories sur les réseaux sociaux.

Les deux victimes binationales se prénommaient Aviel Haddad, venu d’Istabul mais résident à Djerba, et Ben Yamin Haddad, venu de Marseille, deux cousins qui portent également la nationalité israélienne.

 

Une attaque en deux temps

L’attaque a eu lieu en deux temps, a indiqué le ministère dans un communiqué. Agent de la Garde nationale affecté au Poste maritime d’Aghir, à environ 20km de la synagogue, le gendarme auteur des tirs a en effet d’abord tué l’un de ses collègues par balle et s’est emparé de ses munitions : en tout sept magazines en sus de celui équipant son fusil d’assaut. S’emparant d’un quad selon des témoins, il s’est ensuite rendu près du périmètre de la synagogue où il a ouvert le feu sur les forces de l’ordre assurant la sécurité du lieu, avant d’être abattu. Deux pèlerins « visiteurs » de la synagogue ont été tués par les tirs de l’assaillant avant qu’il ne soit abattu, et quatre autres ont été blessés et évacués vers un hôpital, a ajouté le ministère. Récit corroboré par ces images des derniers lieux de l’attaque :

 

L’attaque s’est produite alors que des centaines de fidèles participaient au deuxième et dernier pèlerinage juif annuel de la Ghriba qui touchait à sa fin mardi soir dans cette synagogue. Les forces de sécurité « ont encerclé la synagogue et sécurisé tous ceux qui se trouvaient à l’intérieur et aux abords », selon le ministère de l’Intérieur. « Les investigations se poursuivent pour élucider les motifs de cette agression lâche », a ajouté le ministère, se gardant à ce stade d’évoquer une attaque terroriste. Quoi qu’il en soit, l’attaque est un coup dur pour le pays en pleine crise économique qui voit son image ainsi ternie à l’entame de la saison touristique.

 

Attaque inédite depuis celle, meurtrière, de 2002

Les médias nationaux ont dans un premier temps fait état de tirs près de la synagogue de la Ghriba après le meurtre d’un policier dans des circonstances confuses. Les tirs ont été entendus depuis la synagogue, provoquant un mouvement de panique parmi les centaines de fidèles participant au pèlerinage juif annuel, selon les médias.

Selon les organisateurs, plus de 5.000 pèlerins juifs, essentiellement venus de l’étranger, ont participé cette année au pèlerinage de la Ghriba, plus ancienne synagogue d’Afrique, qui a repris l’année dernière après deux ans d’interruption en raison de l’épidémie de Covid-19. Organisé chaque année au 33e jour de la Pâque juive, le pèlerinage de la Ghriba est au cœur des traditions des Tunisiens de confession juive, qui ne sont plus que 1.500 à l’année, majoritairement installés à Djerba, contre 100.000 avant l’indépendance en 1956. Des pèlerins viennent aussi traditionnellement de pays européens, des États-Unis ou encore d’Israël. Leur nombre avait considérablement diminué après un attentat suicide au camion piégé contre la synagogue en 2002, qui avait fait 21 morts.

Seif Soudani