Liberté de la presse (RSF) : la Tunisie progresse de 25 places

 Liberté de la presse (RSF) : la Tunisie progresse de 25 places


« La Tunisie a progressé de 25 places dans le classement mondial de la liberté de la presse réalisé par l’organisation Reporters Sans Frontières (RSF), passant de la 97ème à la 72ème position sur 180 pays ». Un bond d’une ampleur inédite, dont s’est félicité Souhaieb Khayati, directeur du bureau Afrique du Nord de RSF. La Tunisie occupe désormais la première position dans le Maghreb et le monde arabe.


La Tunisie n’avait pas brillé en la matière ces dernières année, stagnant tour à tour à la 97ème et 96ème place en 2017 et 2016, la 126ème en 2015, la 133ème place en 2014 et la 138ème place en 2013, l’un de ses pires classements en date.


En marge d’une conférence de presse tenue à Tunis pour présenter le classement 2019, Khayati a indiqué que la Tunisie « fait figure d’exception » dans ce classement marqué cette année par une régression tous azimuts de la liberté de la presse dans plusieurs pays, y compris parmi les plus théoriquement démocratiques.


La percée, inédite en son genre depuis la révolution de 2011, s’explique selon la même source essentiellement par la « baisse notable des exactions contre les journalistes et les médias », dans un pays où la centrale syndicale des journalistes, le SNJT, reste particulièrement vigilant. Pourtant, le gouvernement Chahed s’est récemment vu accusé par le syndicat d’avoir manqué à sa parole s’agissant de la concrétisation d’un accord-cadre signé en janvier dernier.


Le représentant de RSF a appelé à cet égard le même gouvernement à appuyer davantage encore la liberté de la presse en Tunisie qui constitue selon lui « le fondement de la démocratie ». Il a en outre souligné la nécessité de renforcer le cadre juridique de la profession, notamment à travers l’installation dans les plus brefs délais de la nouvelle instance de régulation de la communication audiovisuelle, conformément aux standards internationaux en matière de liberté de l’information.


 


Une info aussitôt instrumentalisée par le pouvoir


Au lendemain d’une allocution du chef du gouvernement Youssef Chahed annonçant une feuille de route des 6 prochains mois, immédiatement attaquée par l’opposant de la gauche radicale Hamma Hammami qui a qualifié Chahed de « despote », le porte-parole du gouvernement Iyed Dahmani a répliqué dans la soirée de jeudi en évoquant le flatteur nouveau classement RSF de la Tunisie en guise de « preuve » du caractère non tyrannique de l’actuel pouvoir exécutif.


Reste que RSF stipule par ailleurs que le pays a « encore du chemin à faire » : il est en effet également signalé dans le rapport que l’affermissement de la jeune démocratie tunisienne « ne garantit pas encore une totale liberté de l’information ». Ainsi, tout au long de l’année 2018 les organisations de la société civile tunisienne et les ONG internationales ont exprimé diverses inquiétudes quant aux lenteurs et aux manquements qui marquent l’élaboration du nouveau cadre légal relatif au secteur médiatique.


L’édition 2019 du Classement mondial de la liberté de la presse place la Scandinavie encore une fois en tête du classement avec la Norvège première de la classe, la Finlande et la suède respectivement à la 2ème et 3ème place, tandis que le Turkménistan ferme la marche, que la France occupe une peu flatteuse 32ème place, tout comme les USA 48èmes.


Le classement intégral est consultable ici.


 


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Seif Soudani