Pertes record pour Tunisair et plan de restructuration

 Pertes record pour Tunisair et plan de restructuration

Airbus A320 Tunisair


Les pertes de la compagnie aérienne nationale Tunisair ont atteint environ 165 millions de dinars (soit 48 millions d’euros), contre 145 millions de dinars en 2016, révèle le secrétaire d’Etat chargé du transport, Adel Jarbouï. Un plan de restructuration, prévu de longue date, semble désormais inéluctable.


Lors d’une séance de travail tenue le 20 février en vue d’examiner le projet de convention de coopération entre la Tunisie et la Jordanie dans le domaine du transport aérien, Jarbouï a souligné que les pertes de Tunisair sont dues en partie à la baisse du taux de change du dinar, d’autant plus que la majorité des transactions de la compagnie aérienne s’effectuent en devises.


Quel crédit accorder à cette thèse ? Si la dépréciation du dinar tunisien a certainement impacté de plein fouet les revenus de la compagnie, le glissement aigu du dinar ne date cependant que d’une ou deux années, là où le déficit structurel de la compagnie remonte à une date antérieure.   


Dans son 31ème rapport, la Cour des comptes avait fin 2018 épinglé Tunisair et avait pointé de nombreuses défaillances dont certaines qui « auraient pu conduire à des pertes humaines ». Selon celle-ci, certains avions ont pu voler avec un nombre de 5 problèmes techniques, mettant en danger la vie des passagers, sans compter les vols de pièces d’avion jamais remplacés et les grandes pertes financières. Un problème que Tunisair a tenté de juguler récemment en coulant au sol plusieurs de ses appareils pour opérations d’entretien.


Le syndicat de base des pilotes de Tunisair relevant de l’UGTT se sont quant à eux mobilisés les 19 et 20 février pour réclamer une meilleur gestion de leur établissement par le PDG  Elyès Mnakbi, et exiger « le respect des normes internationales de sûreté aéronautique ».  


Les pilotes Tunisair regrettent notamment les déclarations du PDG devant la commission parlementaire de la réforme administrative, jugées comme étant « une remise en cause du professionnalisme des pilotes ».


 


Plan de restructuration : vers le licenciement de plus de mille agents d'ici 2020


Depuis quelques jours, la compagnie ne cache plus son intention de licencier quelques 1146 agents en 2020, « afin d’améliorer ses équilibres financiers ». Une information confirmée par le ministre des Transports qui entend ainsi réduire le nombre des agents qui opèrent sur un seul avion, pour passer de 222 actuellement à 164 agents en 2020 en vue de se rapprocher des normes internationales.


La compagnie est en effet critiquée pour avoir recruté à partir de la révolution de 2011 un nombre considéré comme déraisonnable de nouvelles recrues dans le cadre de sa participation à l’effort anti chômage post amnistie générale.  



L’actuel programme de la compagnie vise à assurer le transport de 4,7 millions de voyageurs en 2020 et de renforcer le nombre de vols à destination des marchés traditionnels ainsi que des nouveaux marchés, tels que l’Amérique du Nord et l’Afrique. Il s’agit également de renforcer le nombre de vols internes desservant les régions du Nord, du centre et du Sud tunisiens.




Dans un registre lié, le ministre a précisé que l’accord de l’open sky signé avec l’Union européenne entrera en vigueur dans tous les aéroports, à l’exception de l’aéroport de Tunis Carthage. « Cette exception couvrira une période de 5 ans afin de permettre à la compagnie de se préparer à la concurrence ouverte », a-t-il encore ajouté à propos de cette mesure protectionniste.


Un impératif de restructuration censé assainir ses dettes et permettre de faire face à une concurrence internationale de plus en plus rude.


 


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Seif Soudani