Tunisie. Violences dans les stades : le législateur veut sévir

Un groupe de députés a déposé une proposition de loi relative aux sanctions contre la violence dans les stades sportifs en Tunisie en cette mi-juillet. Censée en finir avec ce fléau, le texte fait déjà l’objet de critiques au sein de la société civile mais aussi des supporters.
La proposition de loi 83/2025 en question prévoit ainsi des peines et amendes plus sévères pour lutter contre la violence dans les événements sportifs. Parmi celles-ci :
Toute personne commettant des actes de violence dans ou autour des stades est passible d’une peine de six mois à cinq ans de prison.
Le jet de projectiles ou l’utilisation de fumigènes est puni d’une amende minimale de 5000 dinars.
Les personnes condamnées sont interdites d’accès aux stades pour au moins cinq ans, et à vie en cas de récidive.
Le port ou l’usage d’armes ou d’objets dangereux lors d’événements sportifs entraîne une peine d’emprisonnement de cinq à dix ans.
Ces peines sont doublées si les infractions ont lieu dans des espaces fermés tels que les salles couvertes, plus difficiles d’accès pour les forces de l’ordre.
Les clubs dont les supporters sont impliqués de manière répétée dans des actes de violence sont soumis à des amendes à partir de 50.000 dinars. Ils peuvent également être privés d’accueillir des matchs pendant une saison complète, et leurs stades fermés temporairement.
En cas de défaillance sécuritaire avérée, les organisateurs doivent indemniser les victimes. Les fauteurs de troubles doivent rembourser les dommages causés aux biens publics ou privés. Le club affilié aux fauteurs de troubles est tenu de contribuer à ces indemnisations si ceux-ci ne peuvent assumer les coûts.
Un enfer pavé de bonnes intentions
Cela fait plus d’une décennie que les gouvernements successifs post révolution ne parviennent pas à endiguer le phénomène persistant de la violence dans les stades. Matchs à huis clos, enceintes et gradins partiellement remplis via quotas, voire des saisons entières du championnat de football sans public… les autorités ont essayé plusieurs politiques répressives jusqu’ici en vain.
Si bien que l’année sportive 2025 ressemble à s’y méprendre à 2023, une année noire qui avait connu une recrudescence notable des actes de violence et de vandalisme qui avaient conduit à de nombreuses interruptions de rencontres, notamment en première division de football et, fait inédit, de plus en plus dans les salles de basketball, de handball et même de volleyball.
D’aucuns pointent du doigt l’inefficacité des solutions intégralement répressives mais aussi le rôle clé joué par les virages dits des « ultras » dans l’encadrement de l’insurrection contre l’ancienne dictature en 2010, sorte de mouvement précurseur de la révolte prélude à la révolution de 2011.
Véritable baromètre de la grogne sociale mais aussi du mal-être d’une jeunesse qui y trouve un défouloir, le clash à répétition contre les lignes de front des forces de l’ordre fait craindre aux observateurs et sociologues que le chaudron des stades ne ferait que bouillir davantage si une nouvelle batterie exclusivement répressive venait à être votée au Parlement.
