Un accord militaire entre la Tunisie et l’Algérie critiqué sous la coupole du Parlement tunisien

 Un accord militaire entre la Tunisie et l’Algérie critiqué sous la coupole du Parlement tunisien

Au cours d’une séance plénière matinale ce mardi 11 novembre en présence du ministre de la Défense nationale, la députée Najla Lahiani a abordé l’accord de coopération militaire signé avec l’Algérie le 7 octobre 2025 visant officiellement à « renforcer la formation commune, l’échange d’informations et la coordination face aux menaces transfrontalières ».

 

 En raison de sa relative opacité, cet accord signé entre les deux pays voisins le 7 octobre dernier a suscité la controverse auprès d’une partie de la rue tunisienne. « Avec un budget de la défense record en Algérie en 2025 estimé à environ 25 milliards de dollars US, soit plus de dix fois celui de la défense tunisienne, des suspicions de rapport de force déséquilibré et d’ingérence sont légitimes au regard de cette asymétrie », estime un internaute tunisien sur X.

 

Requête de transparence

Sur les réseaux sociaux, la parlementaire Najla Lahiani a justifié son intervention d’abord par le timing et les motivations : « Pourquoi cet accord a-t-il été signé maintenant ? S’agit-il d’une réponse à une situation sécuritaire particulière ou d’une étape inscrite dans une stratégie de long terme ? », a-t-elle interrogé le ministre de tutelle.

Les mécanismes de mise en œuvre en suite : comment identifier les parties responsables en Tunisie, à l’aune d’une communication lacunaire, ainsi que les modalités de suivi et d’évaluation. Les bénéfices et les risques pour la Tunisie en suite, s’agissant d’évaluer les avantages sécuritaires et militaires au regard des éventuels risques pour la souveraineté nationale, notamment d’éventuelles obligations financières ou militaires durables.

Plusieurs demandes en découlent : celle de transmettre à l’Assemblée des représentants du peuple le texte intégral de l’accord ainsi que ses annexes. La clarification du contenu de l’accord et ses domaines d’application, et le détailler toute obligation juridique ou financière imposée à l’État tunisien. « La transparence est un devoir constitutionnel et national. Tout accord qui n’a pas été présenté au Parlement n’engage pas l’État. La Tunisie est un pays souverain, et sa souveraineté ne peut être déléguée ni remplacée par des accords bilatéraux non ratifiés. Nous valorisons la coopération fraternelle avec l’Algérie, mais nous restons attachés à l’égalité, à la clarté et au respect de la souveraineté afin de préserver la décision nationale indépendante », a-t-elle renchéri.

 

Réponse du ministre de la Défense nationale

Le ministre de la Défense nationale, Khaled Souihi, a précisé en guise de réponse au terme du débat général tenu lors de la plénière conjointe consacrée au budget 2026 de son département, que l’accord militaire liant la Tunisie à l’Algérie n’aurait « rien de nouveau ». Il a vilipendé en outre les détracteurs de cet accord qu’il accuse d’instrumentalisation politique.

« Conclu pour la première fois en 2001, ce cadre de coopération a simplement été actualisé afin de s’adapter aux évolutions régionales et d’élargir ses champs d’action, en particulier dans la lutte contre le terrorisme, la criminalité transfrontalière et la sécurisation des frontières », a-t-il argumenté.

Pour Souihi, « le renforcement de la coopération militaire entre les deux pays relève d’un choix stratégique visant à consolider la sécurité et la stabilité régionales, hors de tout calcul géopolitique ».

Évoquant ensuite les enjeux technologiques et scientifiques liés à la défense, le ministre a insisté sur le fait que les conflits contemporains se jouent autant sur le terrain que dans les domaines de la recherche et de l’innovation. Il a expliqué que le développement de l’industrie et de la production militaires nationales constitue un axe essentiel pour améliorer l’autonomie opérationnelle de l’armée tunisienne.

L’accord sécuritaire en question actualise le cadre de coopération militaire entre la Tunisie et l’Algérie, mais porte désormais notamment plus explicitement sur : « la formation et les exercices conjoints, l’échange d’informations et de renseignements, la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, et la coordination opérationnelle dans les zones sensibles ».

Si le texte met en place des mécanismes de suivi entre les deux pays, sans inclure d’engagement militaire contraignant ni de bases communes, il renforce discrètement l’axe Alger – Tunis qui s’affiche de plus en plus ouvertement via l’amitié entre les présidents Saïed et Tebboune au moment où la résolution onusienne historique sur le Sahara marocain pèse de son poids sur la région.