Un rapport révèle une augmentation de la discrimination liée à la religion

Photo : Jean-Philippe Ksiazeck / AFP.
La discrimination envers les adeptes, ou supposés adeptes, d’une religion est en augmentation. Les musulmans sont notamment de plus en plus ciblés.
Au cours des cinq dernières années, « les personnes qui se déclarent de religion musulmane ou sont perçues comme telles ont 19 fois plus de risque que les personnes ne se déclarant d’aucune religion » de faire l’objet de discrimination.
C’est ce que révèle le dernier rapport de la Défenseure des droits, Claire Hédon, paru hier (4 décembre), intitulé « Les discriminations fondées sur la religion ».
Avec environ 10 % de fidèles, l’islam est la deuxième religion de France.
Le rapport souligne que celle-ci se distingue par une pratique religieuse plus importante avec une forte transmission intergénérationnelle : « 91 % des personnes élevées dans une famille musulmane continuent à se revendiquer de cette religion, contre 67 % chez les catholiques ».
>> A lire aussi : Trois questions à Haouès Seniguer – « Frères musulmans, islamisme, charia se sont transformés en mots‑hochets, agités comme des chiffons rouges »
Focalisation sur le voile
Malgré la « focalisation du débat public » sur le port du voile, le rapport de la Défenseure des droits souligne par ailleurs que seuls 20 % des croyants de confession musulmane sont « concernés » par le port de signes religieux.
Concrètement, 31 % des musulmanes portent un signe religieux contre seulement 9 % des hommes.
« De l’effet conjugué de ces facteurs ressort une visibilité de la foi particulièrement associée aux femmes musulmanes portant le voile, lesquelles concentrent l’attention publique et politique », et sont donc plus touchées par la discrimination.
« Les femmes qui se déclarent de religion musulmane ou sont perçues comme telles expriment plus souvent avoir fait l’objet de discriminations en raison de la religion (38 %) que les hommes de la même religion (31 %) », des chiffres traduisant la focalisation sur l’islam et notamment « ses expressions vestimentaires féminines » (voile, abaya, burkini…).
>> A lire aussi : Sondage Ifop : du continuum islam/islamisme à la citoyenneté partagée
Effet domino
Le rapport aborde également les effets des expériences de discriminations sur les victimes. Ces discriminations peuvent provoquer une dégradation de la santé mentale ou encore un sentiment de rejet.
Des états qui peuvent conduire à une méfiance envers les institutions et à un désengagement civique, ce qui a un effet sur la société dans son ensemble.
Pour la Défenseure des droits, « la lutte contre les discriminations fondées sur la religion n’est pas seulement une exigence juridique (…) elle conditionne la préservation de la cohésion sociale ».
Parmi les solutions évoquées par le rapport, l’école a un rôle majeur à jouer : « un enseignement dédié à la laïcité dès le niveau élémentaire permettrait (…) une meilleure compréhension de ce principe constitutionnel, de ses origines, de ses applications ».
