Banque mondiale : des chiffres alarmants sur la pauvreté dans le monde

 Banque mondiale : des chiffres alarmants sur la pauvreté dans le monde

Enfant en Afrique

Les chiffres font froid dans le dos. En avril 2020, alors que la pandémie frappait sévèrement les pays de l’Europe et l’Amérique du Nord, la Banque Mondiale estimait que la pandémie du Covid allait faire basculer entre 40 et 60 millions de personnes dans l’extrême pauvreté (personnes vivant avec moins de 1.90 dollars/jour). Le 8 juin 2020, la Banque Mondiale a publié une actualisation malheureuse des estimations de l’impact de la crise sanitaire sur la pauvreté. Le Maghreb n’échappe pas à cette hausse.

Suite au déplacement de l’épicentre de la pandémie vers l’hémisphère Sud, le nombre de décès a explosé dans ces pays à revenu faible ou intermédiaire. Cette situation les a amené à la prolongation des mesures de confinement, lesquelles ont aggravé la crise économique dans ces pays. De ce fait, les experts de la Banque Mondiale ont été amenés à rehausser de manière significative les estimations de la pauvreté dans le monde. 

>> Lire aussi : La famine est elle plus meurtrière que le Covid-19 ?

Deux scénarios

Ces nouvelles estimations sont élaborées sur la base de deux scénarios : 

  • Un scénario de base qui prévoit une baisse de la croissance mondiale de 5% environ en 2020. Dans ce scénario, 71 millions de personnes basculeront dans l’extrême pauvreté. 
  • Un scénario pessimiste qui retient une contraction de 8%. Dans ce cas, le chiffre monte à 100 millions de personnes.

La situation au Maroc

Au Maroc, d’après une note stratégique tripartite du Haut-Commissariat au Plan, du Système des Nations-Unies et de la Banque Mondiale datant de juillet 2020, les nouvelles estimations basées sur le revenu par habitant, montrent que l’incidence de la pauvreté pourrait atteindre 6.6% en 2020. Suite à  la crise économique et sociale induite par la Covid-19, la proportion de personnes « vulnérables à la pauvreté » et/ou « pauvres » pourrait passer de 17,1% de la population en 2019 à environ 19.87% en 2020, soit 1,058 millions de personnes additionnelles.                                                                                                                                                                                Au cours des vingt dernières années, le Maroc avait réussi une réduction significative de la pauvreté monétaire, passée de 15.3% en 2001 à 4.8% en 2014 selon le HCP.

La situation en Tunisie

En Tunisie, d’après une étude élaborée par le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) en collaboration avec le Ministère tunisien du Développement, de l’Investissement et de la Coopération Internationale (MDICI) datant d’août 2020, le taux de pauvreté monétaire passerait à 19,2% contre 15,2% actuellement, faisant basculer les revenus d’environ 475.000 individus en-dessous du seuil de la pauvreté monétaire et ce, en l’absence d’une intervention quelconque de l’État. Le taux de la pauvreté monétaire extrême augmenterait également suite au choc du Covid-19, à 3,9% (contre 2,8% actuellement). La pandémie de la Covid-19  augmenterait ainsi la pauvreté des catégories les plus démunies.

La situation en Algérie

En Algérie,Tahar Boulenouar, le président de l’Association nationale des commerçants et artisans algériens avait révélé en mai 2020 dans des déclarations à la presse algérienne que « pas moins de 500.000 familles algériennes sont susceptibles de se retrouver en situation précaire à cause du désastre économique provoqué par le confinement partiel instauré sur l’ensemble du territoire national ». Selon lui, la fermeture des commerces en raison du confinement risquait de provoquer une faillite généralisée des entreprises et une dégradation du pouvoir d’achat de plusieurs milliers de ménages.

>> Lire aussi : Yémen : L’équivalent de la population belge risque d’être en état de famine

Les pays les plus touchés

Le Nigeria, l’Inde et la République Démocratique du Congo concentreront plus d’un tiers des pauvres du monde. Et c’est l’Asie du Sud qui devrait enregistrer la plus forte hausse du nombre des pauvres à la suite de la pandémie. Quant à l’Afrique subsaharienne, sa situation restera à peu près inchangée. Si on considère cette fois le seuil pauvreté de 3.20 dollars/jour/personne, le monde enregistrera 176 millions nouveaux pauvres, dont les deux tiers vivent en Asie du Sud. Il s’agit là de chiffres terrifiants qui interpellent l’humanité à plus de discernement et de solidarité. 

>> Voir aussi : COMMENT REDYNAMISER L’ÉCONOMIE DES AFRIQUES APRÈS LE COVID-19

 

Malika El Kettani