Sous pression, la Serbie réintroduit le visa pour les Tunisiens

 Sous pression, la Serbie réintroduit le visa pour les Tunisiens

Un visa est désormais nécessaire pour les Tunisiens voyageant vers la Serbie

La Serbie réintroduit le visa pour les ressortissants tunisiens. Belgrade a cédé à la pression de pays européens voyant d’un mauvais œil la possibilité pour les candidats à l’immigration de profiter de la libre circulation entre la Serbie et le reste de l’Europe. La Suisse a rapidement salué une « victoire » pour sa politique migratoire.

 

« La Serbie change sa politique et exige des visas des citoyens du Burundi dès aujourd’hui et de Tunisie dès le 20.11.22 », a tweeté le Département fédéral de justice et police (DFJP) de Suisse. Le 20 novembre, les Tunisiens auront donc de nouveau besoin d’un visa pour se rendre dans le pays.

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La Serbie a été ces dernières années une destination populaire pour les Tunisiens. Les jeunes notamment étaient nombreux à se rendre dans le pays pour y faire la fête, sans avoir à passer par un couteux et incertain processus de demande de visa. Les Tunisiens étaient en effet les seuls Maghrébins à disposer de cet accès privilégié. La Serbie était d’ailleurs le seul pays européen accessible sans visa pour les voyageurs venant de Tunisie.

 

106 000 arrivées depuis début 2022

Seulement la recrudescence des arrivées de migrants via la route des Balkans suscitait une inquiétude grandissante chez les partenaires européens de la Serbie. Belgrade était depuis des semaines sous le feu des critiques. Plusieurs capitales de l’espace Schengen l’accusaient d’être la porte d’entrée de la migration irrégulière en n’exigeant pas de visa pour les voyageurs de plusieurs pays d’émigration, tels que la Tunisie, le Burundi, l’Inde ou la Turquie.

Or, la Serbie bénéficie également d’un accord de voyage sans visa avec l’UE. Il est ainsi plus facile pour les gens de se rendre en Serbie et de continuer ensuite vers l’UE. Au cours des neuf premiers mois de 2022, plus de 106 000 personnes ont tenté d’entrée dans l’UE en provenance des Balkans occidentaux sans documentation officielle, soit plus de trois fois plus qu’en 2021 et près de 10 fois plus qu’en 2019. La majorité de ces personnes sont toutefois originaires de Syrie et d’Afghanistan. Mais, le nombre de Turcs, Tunisiens, Indiens, Burundais et Cubains a fortement augmenté ces derniers mois.

 

Pression européenne

Lors d’une réunion à Luxembourg mi-octobre, les ministres de l’Intérieur de l’UE ont fait de cette question une priorité absolue. La Suisse, l’Allemagne, l’Autriche et la Belgique ont appelé la Commission européenne à intervenir et à agir. « La Serbie doit s’adapter à la politique des visas de l’Union européenne si elle veut rejoindre le bloc », a déclaré vendredi la ministre allemande de l’Intérieur Nancy Faeser. « Il y a des critères pour être membre de l’UE, et une partie de cela est une politique de visa commune », a-t-elle ajouté avant une réunion avec ses homologues européens.

Ylva Johansson, la Commissaire européenne en charge des Affaires intérieures, a déclaré vendredi que la Commission européenne n’écartera pas la possibilité de suspendre l’accès de la Serbie à l’ensemble si le pays n’arrête pas la migration irrégulière de son territoire vers l’UE.

Il n’aura donc fallu que quelques heures à la Serbie pour céder à la pression. Dès samedi, Belgrade a en effet annoncé la mise en place de visas pour les ressortissants burundais et tunisiens. Pour ces derniers, le visa sera exigible à partir du 20 novembre. De quoi perturber notamment les fêtes de fin d’année de nombre de Tunisiens qui avaient fait de la Serbie une destination prisée à cette occasion.

Rached Cherif