Jugement très attendu dans le procès de la rue d’Aubagne à Marseille

 Jugement très attendu dans le procès de la rue d’Aubagne à Marseille

L’expert judiciaire en architecture Richard Carta (au centre) arrive avec son avocat au tribunal de Marseille, le 7 juillet 2025, avant l’annonce du verdict dans le procès de l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne, qui avait fait huit morts en 2018. (Photo : Clément Mahoudeau / AFP)

C’est aujourd’hui que la justice rend son jugement dans le procès des effondrements de la rue d’Aubagne : les 16 prévenus seront-ils reconnus responsables de ce drame ?

Qui de l’adjoint au maire, de l’expert, du syndic ou des copropriétaires a commis une éventuelle faute pénale ? Le procès s’est tenu pendant un mois et demi à l’automne, et c’est aujourd’hui que le jugement doit être rendu.

Les débats ont permis d’établir que les effondrements des numéros 63 et 65 étaient inéluctables, vu l’état du bâti. Mais aucune mise à l’abri des locataires du 65 n’avait été décidée, et les travaux entrepris s’étaient avérés inefficaces, voire contre-productifs.

Signalements non traités

Parmi les quatre mis en examen, il y a Julien Ruas, adjoint au maire chargé de la prévention et de la gestion des risques, alors que la ville était encore dirigée par Jean-Claude Gaudin (LR).

De nombreux dossiers ont été mis aux oubliettes dans le service dirigé par cet élu : 2 600 signalements d’immeubles sous suspicion de péril non traités, 230 immeubles en péril grave et imminent non suivis.

Marseille Habitat et le cabinet Liautard

Sur le banc des accusés, il y a aussi Richard Carta, l’architecte désigné comme expert par le tribunal administratif de Marseille, qui avait inspecté l’immeuble du 65 rue d’Aubagne trois semaines à peine avant le drame. Une visite qu’il avait bâclée en une heure, sans interroger aucun habitant.

Il y a enfin deux personnes morales : d’abord Marseille Habitat, société d’économie mixte de la ville de Marseille, propriétaire du 63 rue d’Aubagne — un immeuble vide mais totalement délabré qui s’était écroulé en même temps que le 65. Il y aurait eu « un refus délibéré » de cette société d’économie mixte « d’engager des travaux coûteux pour préserver des vies ».

Ensuite, le cabinet Liautard, syndic de copropriété chargé de la gestion du 65 rue d’Aubagne. Selon l’accusation, ce cabinet privilégiait systématiquement « la cosmétique à coût minimum » lorsqu’il engageait des travaux.