Centres de rétention administrative : rétention allongée, répression renforcée

 Centres de rétention administrative : rétention allongée, répression renforcée

Illustration CRA – Centre de Rétention Administrative (CRA) de Rennes. FRANCOIS LEPAGE / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Les associations de défense des droits des étrangers dénoncent l’allongement de la durée de rétention en CRA et alertent sur une logique répressive accrue.

« En prévoyant d’élargir le champ d’application de la rétention jusqu’à 7 mois, les parlementaires, à l’instar du gouvernement, cèdent à la surenchère répressive et utilisent délibérément une mesure administrative pour priver de liberté des personnes étrangères », s’indigne l’Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE), dans un communiqué daté du 15 juillet.

Cette réaction fait suite à l’adoption définitive, le 9 juillet par le Sénat, d’une proposition de loi permettant de faire passer la durée maximale de rétention administrative de 90 à 210 jours. Jusqu’ici, cette durée n’était applicable qu’aux personnes condamnées pour des faits de terrorisme. Le nouveau texte élargit considérablement le champ des personnes concernées.

Détournement ?

La rétention de 210 jours pourra désormais aussi viser les étrangers frappés d’une interdiction du territoire, condamnés pour crimes ou délits graves (meurtre, viol, trafic de stupéfiants…), ainsi que ceux dont le comportement constituerait une « menace d’une particulière gravité pour l’ordre public ». « La rétention, conçue pour préparer l’éloignement, est ainsi détournée de ses objectifs à des fins punitives », déplore encore l’OEE, qui dénonce une « rétention de sûreté » fondée sur des critères jugés flous et arbitraires.

Victoire pour Les Républicains

« Lorsque la loi ne protège plus nos compatriotes, alors il faut la changer », déclarait dès la première lecture du texte à l’Assemblée nationale Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur. À l’origine de cette proposition, la sénatrice LR du Val-d’Oise Jacqueline Eustache-Brinio avait réagi au meurtre de Philippine, étudiante retrouvée morte à Paris en 2024.

Le principal suspect, un ressortissant marocain visé par une obligation de quitter le territoire (OQTF), venait de sortir d’un centre de rétention après plusieurs années de détention. « À quelques jours près, l’administration détenait le laissez-passer consulaire » qui aurait permis de l’éloigner, avait regretté le ministre de l’Intérieur après le drame.