Tripoli, Rabat… Prochaines escales de la tournée de Massad Boulos au Maghreb

 Tripoli, Rabat… Prochaines escales de la tournée de Massad Boulos au Maghreb

Après une visite remarquée à Carthage où ce proche conseiller du président Donald Trump a dû composer avec le courroux du président Kais Saïed à propos de la situation à Gaza, la tournée de Boulos au Maghreb se poursuit avec plusieurs étapes clés au programme.

Ce bras droit du président américain sur le Monde arabe était dans un premier temps arrivé en Tunisie mardi dans le cadre d’une tournée régionale en Afrique du Nord qui inclut également le Maroc, l’Algérie et la Libye. Si au Palais de Cartage sa mission fut entamée sous des auspices assez agités, le coup de sang du président tunisien ne semble pas avoir été relayé par la presse occidentale et internationale à ce jour hormis plusieurs médias arabophones.

On en sait davantage sur la tournée de Boulos en Afrique du Nord qui fait suite à une récente réunion de haut niveau entre le président Trump et les dirigeants de cinq pays africains, dont le président de la Mauritanie. Elle intervient également dans un climat de tensions commerciales croissantes, après que l’administration Trump ait mis à exécution ses nouveaux droits de douane visant plusieurs pays du Maghreb.

 

Un partenariat à hauteur de 70 milliards de dollars en Libye

Contrairement au focus tunisien sur la question palestinienne en marge de cette visite, les médias libyens mettent en exergue le volet commercial discuté avec l’émissaire américain :

« Lors de la visite du conseiller de Trump en Libye, Dbeibah condamne la famine imposée à Gaza et discute du financement de projets de développement », pouvait-on notamment lire à la Une d’un journal de Tripoli dès hier mercredi.

Le Premier ministre libyen Abdelhamid Dbeibah a ainsi proposé le 23 juillet un partenariat économique de 70 milliards de dollars à Massad Boulos, conseiller spécial du président américain Donald Trump pour l’Afrique, apprend-on aujourd’hui via la plateforme officielle libyenne Hakomitna.

La réunion aurait par ailleurs porté sur les opportunités de coopération conjointe dans les domaines de l’énergie, des minerais, des infrastructures, de la santé et des télécommunications. Dbeibah a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à bâtir des partenariats économiques avec les États-Unis « afin d’ouvrir la voie à la participation de grandes entreprises américaines dans des projets de développement et d’investissement », peut-on lire dans un communiqué qui envoie le signal d’une Libye plus pragmatique et préoccupée par son développement.

Lors de la rencontre, une équipe gouvernementale libyenne a en effet présenté une feuille de route détaillée pour le partenariat économique stratégique proposé, d’une valeur record. Ce partenariat comprend « des projets prêts à être lancés dans les secteurs de l’énergie, des minerais, de l’électricité, des infrastructures et des télécommunications, permettant une entrée structurée et directe des investissements américains sur le marché libyen ».

 

Un ordre du jour chargé au Maroc

De source diplomatique, l’étape marocaine de la tournée est considérée comme particulièrement importante. Le choix du Maroc comme point d’ancrage témoigne d’une volonté de s’appuyer sur des partenaires jugés essentiels dans les équilibres régionaux.

Rabat, dont la position diplomatique s’est renforcée ces dernières années, est perçu à Washington comme un acteur capable de favoriser le dialogue régional. Cette confiance s’explique par l’ampleur des échanges sécuritaires entre les deux pays, ainsi que par la participation active du royaume à des forums multilatéraux tels que l’Union africaine (UA) et l’Organisation de la coopération islamique (OCI).

En avril, Massad Boulos avait cependant déclenché une tempête diplomatique à la suite d’une série de déclarations maladroites : lors d’une interview accordée à la chaîne Al-Hadath, Boulos a affirmé à tort que la proclamation du 10 décembre 2020 du président Trump « n’était pas absolue, mais laissait la porte ouverte à une solution qui satisfasse toutes les parties » — une déformation qui contredisait frontalement la position officielle des États-Unis à propos du Sahara marocain.

Ces déclarations constituaient un grave écart par rapport à la position officielle réaffirmée dans le communiqué du Département d’État publié après la rencontre du 8 avril entre le secrétaire Marco Rubio et le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita — un communiqué qui réitérait sans ambiguïté la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine.

Conscient du préjudice géopolitique causé par ses propos, Boulos a rapidement opéré un revirement. En quelques heures, il a publié un message sur son compte X (ex-Twitter) réaffirmant le soutien indéfectible de l’administration américaine à l’intégrité territoriale du Maroc.