L’Aide Médicale d’État de nouveau dans le collimateur ?

 L’Aide Médicale d’État de nouveau dans le collimateur ?

Sébastien Lecornu, Premier ministre, doit recevoir à Matignon Claude Évin et Patrick Stefanini pour évoquer l’avenir de l’Aide médicale d’État (AME), le 23 septembre 2025.(Photo de JEFF PACHOUD / AFP)

Sans gouvernement, sans direction politique annoncée, Sébastien Lecornu indique vouloir s’informer sur d’éventuelles modifications à l’Aide Médicale d’État.

« Il veut comprendre le sujet sous un angle technique. Cette rencontre ne présage rien des décisions qu’il prendra », explique l’entourage du Premier ministre, selon des propos recueillis par France Info (22 septembre).

Sébastien Lecornu recevra aujourd’hui, à Matignon, Claude Évin et Patrick Stefanini, les deux auteurs d’un rapport sur l’Aide Médicale d’État (AME).

Cette aide permet aux étrangers en situation irrégulière et à revenus très faibles d’obtenir une couverture à 100 % pour leurs soins médicaux.

En 2024, elle représentait une dépense de 1,2 milliard d’euros par l’État et était donc régulièrement ciblée, notamment par le Rassemblement national, quand il s’agissait de trouver des coupes budgétaires.

Adaptations

Claude Évin et Patrick Stefanini avaient remis leur rapport au gouvernement Borne en décembre 2023.

Selon leur analyse, l’AME est un dispositif « globalement maîtrisé » dans lequel n’existe « pas de consommations de soins faisant apparaître des atypismes, abus ou fraudes structurelles ».

Un dispositif efficace mais nécessitant néanmoins quelques « adaptations ». Parmi celles-ci, les rapporteurs proposent par exemple de « retirer le droit à l’AME » aux « personnes frappées de mesures d’éloignement pour motif d’ordre public ».

L’AME toujours menacée ?

Le 2 septembre, le gouvernement présentait au conseil de la Caisse nationale de l’Assurance-maladie (Cnam) deux projets de décrets qui durcissaient les conditions d’accès à l’AME et réduisaient la liste des soins remboursables pour les bénéficiaires.

Une vaine tentative pour séduire l’aile droite de l’hémicycle, jugeait Jordan Bardella : « À quelques jours d’une chute probable du gouvernement, il s’achète une mansuétude à l’égard du Rassemblement national, je ne suis pas dupe. Il reste encore beaucoup de soins à supprimer avant d’arriver à un sentiment de justice ».

François Bayrou, alors Premier ministre, justifiait son action : « Quand vous demandez des efforts aux Français, il n’est pas possible que les étrangers n’y soient pas associés ».

Cependant, le ministre de la Santé assurait que « les mesures proposées ne remettaient nullement en cause le dispositif de l’AME, mais constituaient des ajustements conformes aux recommandations du rapport Évin-Stefanini ».