Europe : les défenseurs des droits humains des pays du « sud » pas vraiment bienvenus

La Mexicaine Erika Guevara-Rosas, directrice d’Amnesty International pour les Amériques, dénonce les restrictions en matière de visas, concernant les militants racisés, venant d’Afrique, d’Asie ou du Moyen-Orient. (Photo : EVARISTO SA / AFP)
Un rapport d’Amnesty international révèle que les défenseurs des droits humains des pays du Sud rencontrent de plus en plus de difficultés à obtenir un visa pour intervenir en Europe.
« Du fait des difficultés à obtenir des visas Schengen, les voix et les témoignages des défenseurs des droits fondamentaux des pays du Sud sont exclus des forums où sont pourtant prises des décisions qui affectent profondément leurs vies », regrettait Erika Guevara Rosas, directrice générale de la recherche, du plaidoyer, de la politique et des campagnes à Amnesty International.
Dans un rapport publié hier (30 octobre), l’organisation met en lumière les multiples difficultés auxquelles se heurtent les militants des droits humains de 104 pays soumis à des restrictions en matière de visas.
Venant d’Afrique, d’Asie ou du Moyen-Orient, pour mener notamment des actions de plaidoyer, leurs demandes de visas de court séjour pour pénétrer l’espace Schengen est devenu un parcours du combattant.
« Discrimination indirecte »
« Ces défenseurs des droits humains sont pour la plupart racisés, en tant que personnes noires, asiatiques et/ou musulmanes, et les répercussions négatives sur leur mobilité équivaut à une discrimination indirecte », dénonce Amnesty international dans son rapport.
L’organisation souligne un manque de flexibilité des services chargés de traiter les demandes de visas, dont une partie est déléguée à des prestataires de services externes. Visas délivrés trop tard, pour une période trop courte, liste de pièces justificatives considérable, preuves de moyens financiers, un nombre de demandes considérables parfois difficiles à remplir dans certains pays.
Selon Amnesty, « ces obstacles entraînent une discrimination indirecte à l’égard des défenseur·e·s des droits humains, car la politique en matière de visas Schengen a un impact disproportionné sur les demandeurs et demandeuses racisés ».
Avancées
Consciente des difficultés que pouvaient engendrer les exigences concernant les demandes de visas, en juin 2024 la Commission européenne publiait une version révisée de son manuel sur les délivrances de visas afin de « simplifier les demandes des défenseurs des droits humains ».
Amnesty international exhorte les Etats membres de l’UE « à veiller à ce que ce manuel révisé soit largement diffusé et pleinement mis en œuvre, en s’assurant que les agents chargés de délivrer des visas dans le monde entier, y compris les prestataires de services externes, soient parfaitement formés ».
