Affaire Michel Zecler: de graves manquements relève la Défenseure des droits

Image de vidéosurveillance montrant le producteur Michel Zecler se faire passer à tabac par des policiers à l’entrée de son studio de musique dans le 17e arrondissement de Paris, le 21 novembre 2020. (Photo provenant de diverses sources / AFP)
L’autorité administrative saisit le ministre de l’Intérieur et fait état « de la gravité et de la multitude de manquements » lors de l’interpellation du producteur de musique noir.
A l’issue de son enquête, la Défenseure des droits a relevé des manquements déontologiques de la part des policiers qui ont fait « un usage disproportionné de la force » et « un acharnement injustifié » envers Michel Zecler.
Il a reçu 29 coups en quatre minutes, occasionnant une incapacité totale de travail de 45 jours.
L’autorité administrative indépendante a également établi que des propos racistes ont été tenus par les policiers, ce qui a pourtant été écarté par les juges d’instruction ayant ordonné en juin dernier un procès devant une cour criminelle pour les quatre policiers mis en cause.
Manquements déontologiques
La Défenseure des droits pointe par ailleurs « qu’aucun conseil de discipline n’a été saisi » alors que l’IGPN a « proposé au préfet de police de Paris que les quatre policiers comparaissent devant le conseil de discipline » dans ses conclusions rendues en juillet 2021.
Des conclusions basées sur une enquête administrative qui a permis « d’établir les faits (…) et manquements déontologiques ». Le préfet de police de Paris était alors Laurent Nuñez, désormais ministre de l’Intérieur.
« Au regard de la gravité et de la multitude des manquements constatés et compte de tenu de l’absence de procédure disciplinaire engagée à ce stade, le Défenseur des droits saisit le ministre de l’Intérieur afin qu’il engage sans délai une procédure disciplinaire » à l’encontre des quatre policiers, demande l’autorité indépendante.
« Agression inacceptable »
Les policiers ont été suspendus le 26 novembre 2020, deux d’entre eux ont été incarcérés durant un mois après leur mise en examen. Trois sont toujours suspendus, le quatrième exerce toujours dans un service, mais sans activité de voie publique.
Le 21 novembre 2020, Michel Zecler est interpellé devant son studio d’enregistrement pour non-port du masque et suspicion de consommation de cannabis. Les policiers entrent chez lui et le passent à tabac.
Les faits ont été filmés par une caméra de vidéosurveillance, les images ont été dévoilées et sont devenues virales.
Emmanuel Macron avait alors dénoncé « une agression inacceptable ». A sa demande et dans la foulée, la plateforme antidiscriminations.fr a été créée en février 2021 et confiée au Défenseur des droits.

