Bobigny : Incendie à la Maison Danièle Djamila Amrane-Minne

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La maison départementale du parc de la Bergère, à Bobigny (Seine-Saint-Denis), a été partiellement détruite par un incendie dans la nuit de lundi à mardi. Un sinistre qui, selon les premiers éléments, pourrait être d’origine criminelle, et survient après deux actes de vandalisme à caractère raciste recensés ces dernières semaines. Le conseil départemental a déposé plainte auprès du procureur de la République.
Depuis le 5 juillet, le bâtiment a été renommé en hommage à Danièle Djamila Amrane-Minne, universitaire, poétesse et ancienne militante du Front de libération nationale (FLN) pendant la guerre d’Algérie. Un choix assumé mais visiblement intolérable pour certains : depuis cette date, le lieu est la cible d’actes malveillants répétés, jusqu’à ce nouvel épisode aux conséquences plus graves.
L’incendie a ravagé une partie de la terrasse en bois et soufflé une vitre de la devanture, exposant un bureau intérieur. D’après les photos consultées par Libération, le feu semble avoir pris sous le nom de Danièle Djamila Amrane-Minne apposé au fronton, -un nom préalablement tagué de peinture noire. Les pompiers ont rapidement maîtrisé les flammes, avant l’arrivée des services départementaux et des forces de l’ordre.
La maison départementale, qui accueille des associations, expositions et sert de base aux gardiens du parc à Bobigny, restera fermée durant l’enquête, les expertises et les travaux de remise en état.
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Série inquiétante à Bobigny
Ces actes s’inscrivent dans une série inquiétante. Le 19 juillet, la façade du bâtiment avait été recouverte de croix celtiques, (symbole utilisé par des groupes néofascistes) et de slogans injurieux tels que « assassins », « traîtres », ou encore « terroristes ». Un autre panneau annonçant des événements avait été dégradé avec la mention « Dehors les Algériens », comme l’a rapporté Le Parisien. Une seconde vague de tags a été constatée une semaine plus tard, puis nettoyée.
Pour Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, joint par nos confrères de Libération, il ne fait guère de doute que ces attaques s’inscrivent dans une démarche idéologique claire :
« C’est l’acte d’héritiers de l’OAS [groupe terroriste d’extrême droite actif pendant et après la guerre d’Algérie, ndlr]. Après les messages haineux, ils passent à l’acte. Ces gens agissent masqués, dans la lâcheté. » Il rappelle également que Danièle Djamila Amrane-Minne a été amnistiée par l’État français, et a par la suite mené une carrière brillante dans l’enseignement supérieur et la poésie : « L’extrême droite montre ici sa peur d’une Histoire qu’elle ne maîtrise pas, parce qu’elle ne correspond pas à ses récits figés. Cela prouve combien il est urgent d’aborder avec sérénité la mémoire de la guerre d’Algérie et, plus largement, de la décolonisation. ». Et de conclure : « La Seine-Saint-Denis ne cédera pas face à ces intimidations. »
