Dernier hommage à Yacef Saadi, l’une des figures clés de la bataille d’Alger

 Dernier hommage à Yacef Saadi, l’une des figures clés de la bataille d’Alger

Yacef Saadi entouré de gendarmes et militaires français après son arrestation en 1957

Un rassemblement a réuni des centaines de personnes samedi à Alger pour rendre un dernier hommage à Yacef Saadi. Ce héros de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie a été une figure emblématique de la « bataille d’Alger », l’un des épisodes clés de la guerre d’indépendance

Yacef Saadi est mort vendredi à l’âge de 93 ans. Son cercueil recouvert du drapeau national a d’abord reposé dans une mosquée près de la vieille ville. Il a ensuite rejoint le cimetière El Kettar. De nombreuses personnalités ont assisté aux funérailles, dont Laïd Rebiga ministre des Moudjahidine. Était également présents d’Abdelhafidh Alahoum, représentant du président Abdelmadjid Tebboune, ainsi que des vétérans de la guerre d’indépendance (1954-1962).

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Pour M. Rebiga, Yacef Saadi était l’un des « pionniers, des héros et des symboles » de la lutte pour l’indépendance. Le martyr s’est consacré « corps et âme » à son pays, a-t-il ajouté. Le défunt s’était « battu jusqu’à son dernier souffle pour que vive l’Algérie », a déclaré sa fille Zaphira, citée par l’agence officielle algérienne APS. Ajoutant que son père a « voulu être enterré avec ses parents, ses ancêtres, ses compagnons ».

 

Yacef Saadi, de boulanger à chef militaire

La « bataille d’Alger » est un des épisodes les plus célèbres et les plus sanglants de la Guerre d’Algérie. De janvier à octobre 1957, l’armée française tenta de reprendre aux combattants algériens le contrôle de la vieille ville d’Alger, la Casbah. L’arrestation de Yacef Saadi, le 14 octobre 1957, en marqua la fin.

Boulanger de la Casbah, promu chef militaire de la rébellion, Saadi était le responsable de la « zone autonome d’Alger » pendant cet épisode. Cette bataille a vu se multiplier les actions du Front de libération nationale et les opérations de répression françaises. Une décennie plus tard, il avait campé son propre rôle dans le film, « La Bataille d’Alger », de l’italien Gillo Pontecorvo. Film dont il était d’ailleurs également producteur.

Dans son hommage, le président Tebboune a d’ailleurs insisté sur l’importance de ce film. Selon lui, Yacef Saadi immortalisa « fidèlement et brillamment les épopées et sacrifices dans le célèbre film “La Bataille d’Alger”, qui est classé parmi les œuvres cinématographiques les plus réussies ». Longtemps interdit en France, « La Bataille d’Alger » n’est sorti en salles qu’en 2004.

 

Pionnier du cinéma algérien

Après l’indépendance, Yacef Saadi a poursuivi à son activité de producteur avec la société Casbah Films. Il travaillait notamment pour des productions italiennes dont des tournages avaient lieu en Algérie. Il a ainsi régulièrement collaboré avec le célèbre producteur Dino De Laurentis.

« À cette époque, tout le monde ne jurait que par le néoréalisme italien. Voilà pourquoi je suis allé en Italie chercher un scénariste et un réalisateur pour “La Bataille d’Alger” », avait raconté Saadi au journal Le Monde en 2004.

Rached Cherif