« Et si on rentrait au bled en train ? » de Nassira El Moaddem, une chronique ferroviaire entre mémoire, sueur et tendresse

Director of the Bondy Blog Nassira El Moaddem, poses in Bondy on September 14, 2016. The new director of the Bondy Blog, Nassira El Moaddem, is working to give fresh impetus to the media, created in 2005 following riots in northern suburbs of Paris. (Photo by Thomas SAMSON / AFP)
Faut pas croire, hein. Le train, c’est pas juste un truc de bobo parisien avec des tote bags et des sandwiches vegan qui sentent la tristesse. Non. Le train, c’est un corps-à-corps avec le temps, une manière de dire « je te vois », à la route, au paysage, à soi-même. La journaliste Nassira El Moaddem, elle l’a compris. Mieux, elle l’a vécu. Et elle l’écrit comme on remonte une robe oubliée dans le fond d’une armoire d’enfance : avec amour, avec rage, et surtout avec cette dignité douce qui dit « je suis là, et je viens de quelque part ».
Elle a pris le train pour rentrer au bled. Pas pour faire genre ou poster une photo de fenêtre en story Insta. Non. Pour retrouver les silences des aires d’autoroute, les chips au paprika à moitié fondues sur les sièges, les trajets qui collent aux cuisses et aux souvenirs. Pour nous dire que le voyage, le vrai, il pue un peu parfois, il pèse beaucoup, mais il nous rend entiers.
Son livre, Et si on rentrait au bled en train ?, paru le 8 mai aux Editions Gallimard, c’est pas un guide de voyage. C’est une ode au ralenti. Une traversée des chairs. C’est le récit d’une femme, d’une mère, d’une gamine aussi, qui regarde l’Espagne non plus comme un flou qui défile à 130 km/h, mais comme un visage à caresser. Cordoue, Cadix, Barcelone – elles deviennent des amantes d’un été, des étapes d’un pèlerinage intime, presque charnel.
Et puis y’a le politique, bien sûr. Mais attention, pas le politique qui donne des leçons. Le politique qui sent le vécu, la valise trop lourde et la douane nerveuse. Le politique qui dit que l’écologie, c’est pas qu’une affaire de compost et de vélib’. C’est aussi le droit de voyager autrement quand on s’appelle pas Hugo ou Chloé. Quand on est née à Romorantin, qu’on a grandi entre les wagons du Blanc-Argent, et qu’on veut montrer à ses gosses que le monde est vaste, même s’il faut cinq correspondances pour y arriver.
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C’est un livre sexy, oui. Pas dans le sens des fesses en couverture. Dans le sens du désir. Le désir de transmettre, de comprendre, de ne pas zapper. C’est frontal, aussi. Elle te dit les choses comme elles sont, avec tendresse et coup de poing. Elle te parle de souvenirs comme on te parle d’un amour mort, ou vivant, on sait plus. Et ça fait du bien, cette parole-là. Pas aseptisée. Pas vendable. Juste vraie.
Alors voilà. Ce bouquin, c’est pas un produit. C’est une traversée. Un rail entre deux rives, entre deux langues, entre deux générations. Un rail comme une veine. Et Nassira, elle y fait circuler la mémoire, la sienne et un peu la nôtre.
Et ce soir (mardi 13 mai), à 19h30, elle le lance pour de vrai, ce train-là. Avec les mots, les gens, les silences qu’on n’oublie pas. Si t’as deux jambes, un cœur et un peu de mémoire, viens. Les places sont peut-être pas numérotées, mais elles comptent.
🕖 RDV à @iciconversation, rue Maurice Grimaud à Paris 18eme à 19h30 ce soir, mardi 13 mai 2025 !
Au menu :📝 Lecture d’extraits du livre 📚 Projection d’un extrait de documentaire 🎥 Questions d’ @iciconversation 😎 Jeux Pause culinaire du bled 😋 Questions réponses avec la salle Séance de dédicaces ✍🏽