Fouad Laroui couronné par le Prix Pégase 2025 pour La vie, l’honneur, la fantasia

 Fouad Laroui couronné par le Prix Pégase 2025 pour La vie, l’honneur, la fantasia

En choisissant La vie, l’honneur, la fantasia, l’Académie Pégase souligne l’originalité d’une œuvre qui conjugue rigueur littéraire et exploration d’un patrimoine immatériel

L’Académie Pégase a attribué à l’unanimité son prix 2025 à l’écrivain marocain Fouad Laroui pour son roman La vie, l’honneur, la fantasia. Le récit épique interroge les héritages, les mythes et les fractures de la mémoire à travers une fresque où le cheval occupe une place centrale.

Le mardi 9 septembre, dans l’atmosphère feutrée du Relais Odéon à Paris, les membres de l’Académie Pégase se sont réunis pour leurs délibérations annuelles. Depuis 1990, ce prix littéraire distingue chaque année un ouvrage consacré au cheval et à l’équitation, contribuant à la diffusion d’une culture équestre vivante et savante.

Un roman aux racines marocaines profondes

Pour son édition 2025, l’Académie a choisi de saluer à l’unanimité l’écrivain Fouad Laroui, dont le roman La vie, l’honneur, la fantasia (Mialet-Barrault Éditeurs, août 2025) explore la profondeur symbolique et sociale de l’héritage équestre marocain.

L’histoire s’ancre dans la cité d’El Jadida, au cœur d’une fantasia éclatante où fusils et hennissements se confondent. C’est là qu’un chef tribal, Arsalom, tombe sous les balles, assassiné en pleine lumière, devant des milliers de regards pétrifiés. Ce meurtre spectaculaire devient une légende, une plaie et une énigme.

Une mémoire fragmentée et transmise

Des décennies plus tard, le narrateur, désormais adulte, remonte le fil de cette scène inaugurale qui hante sa mémoire. Il entrelace les bribes de son enfance avec des voix recueillies, des récits transmis au coin du feu, des éclats d’imaginaire. À travers ce tissage fragile, il tente de comprendre le geste collectif qui mit fin à « l’existence vile et corrompue d’Arsalom », geste qui porte encore la marque d’un destin partagé.

De génération en génération, la trame explore le mystère de ce « crime parfait » et du cheval d’El Jadida, figure ambivalente : fardeau pesant comme une malédiction sublime, mais aussi flambeau qui éclaire une lignée. Monture sacrifiée et sacrée, il incarne à la fois l’honneur ancestral et l’impossible réinvention face au tumulte du monde contemporain.

Le cheval, colonne vertébrale du récit

Si le roman se déploie sur des registres multiples — intime, historique, ironique — il trouve sa colonne vertébrale dans la figure du cheval. Celui-ci n’est pas seulement monture ou outil guerrier, il est dépositaire d’une mémoire collective et d’un imaginaire national.

Le roman met ainsi en scène des personnages traversés par la fascination pour le cheval, figure de liberté, et la crainte d’un héritage trop lourd, d’un passé qui refuse de mourir.

Une œuvre saluée pour son originalité

En choisissant La vie, l’honneur, la fantasia, l’Académie Pégase souligne l’originalité d’une œuvre qui conjugue rigueur littéraire et exploration d’un patrimoine immatériel.

À travers ce prix, c’est une certaine idée de la littérature qui se trouve célébrée : celle qui relie les hommes à leurs traditions, qui fait parler les symboles, et qui redonne aux chevaux, sur le papier, la force d’un galop bien réel.

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