(Interview) KasbaH, l’électro pour un monde pigmenté

 (Interview) KasbaH, l’électro pour un monde pigmenté

L’artiste KasbaH au festival « Les aventuriers » qui aura lieu à Fontenay-sous-Bois


Son EP « Pigment » sort le 13 décembre, l’album est prévu pour 2018. KasbaH est un artiste français, d’origine algérienne, qui mêle musiques traditionnelles world et électro. Il vit son art H24, seul sur scène, auprès d’enfants ou de jeunes décrocheurs. En somme, KasbaH est un artiste très engagé et étonnant qui se produira en ouverture du festival « Les aventuriers » à Fontenay-sous-Bois le mois prochain. Interview.


LCDL : Vous dites que vous avez découvert tardivement vos racines culturelles. Que voulez-vous dire par là ?



KasbaH : Mes parents sont arrivés d’Algérie dans les années 60. Ils ont fui la guerre pour s’installer dans les Ardennes. Mon père travaillait dans la sidérurgie. Dans un souci d’intégration, ils ont « caché » leur culture, certainement de façon inconsciente. Ils parlaient arabe entre eux. Mes frères et sœurs et moi échangions en français. A l’époque, je ne me posais pas trop de question.


Puis, en 2008, j’ai fait un voyage en Tunisie, où j’ai vécu quelque temps avec des bédouins et je me suis senti très frustré de ne pouvoir échanger avec eux. Il y avait aussi la frustration de ne pas comprendre ce que mes grands-parents algériens disaient lorsque j’allais à Bedjaïa et à Kendira.


C’est là que j’ai eu envie d’apprendre l’arabe. Ce sont mes parents qui m’ont enseigné leur langue. Pour eux, c’était un jeu… Partant de là, j’ai découvert un univers musical que je n’ai plus jamais quitté.



Comment êtes-vous devenu musicien ?



Ma mère écoutait de la musique algérienne à la maison. Des cassettes de Karima, Idir, Djurdjura, Ali Irsane… il y a aussi le souvenir de tous les mariages kabyles auxquels j’ai pu assister étant petit. Les chants me fascinaient…


Plus tard, j’ai fait de nombreuses rencontres artistiques dans la rue, au gré du hasard. Cela m’arrive encore de temps en temps de jouer dans la rue, avec des potes. C’est comme ça que j’ai rencontré de nombreux artistes avec qui j’ai ensuite fait des featurings. Je suis un autodidacte, je n’ai jamais pris de cours de musique.



Vous êtes un musicien très actif qui multiplie les supports et les publics avec lesquels vous « fabriquez » votre musique…



J’anime des ateliers en tant qu’intervenant pédagogique pour « Les Francas » qui proposent une éducation alternative pour lutter contre le décrochage scolaire. Je m’occupe d’une dizaine d’élèves avec qui nous créons un projet musical.


Par exemple, je viens de terminer un atelier de musique recyclée. On a enregistré des boucles avec des instruments que nous avons nous-mêmes fabriqués : un tuyau pour faire la trompette, une boîte de conserve pour faire la basse ! Je jouerai d’ailleurs ces boucles le soir du lancement de mon EP. Les élèves pourront venir voir le fruit de leur travail. Je travaille également pour la MJC de Créteil, au sein de son studio d’enregistrement, et via un atelier d’éveil pour les tous petits.


Enfin, je fais de la musique de film et de documentaires, et parfois pour le théâtre. Mais tout ceci a un sens. Dans la vie, je pense qu’il faut être ouvert pour accepter la complémentarité.


C’est d’ailleurs le titre de mon EP : « Pigment », en référence à la couleur, qui fonctionne seule ou mélangée mais qui est plus étincelante lorsqu’elle se mélange. Cela résume assez bien ma vision des choses ! 


Propos recueillis par Chloé Juhel



 

Chloé Juhel