Maroc- L’Amazighe enseigné au MRE

Les MRE n’auront pas à attendre la généralisation de l’enseignement de la langue amazighe pour en profiter à leur tour. Dès la rentrée, des centaines de petits Marocains auront la possibilité de renouer avec leur langue maternelle et la culture de leurs parents.

Un projet pilote vient d’être conjointement lancé par l’Institut royale de la culture Amazigh (IRCAM) et le ministère chargé de la Communauté marocaine à l’étranger. Ce projet devrait permettre à de jeunes enfants marocains installés à l’étranger de prendre des cours d’Amazighe sur une période de 3 mois et ce dès la rentrée 2011/2012.

Dans un premier temps, ce sont 300 enfants résidents dans plusieurs pays d’Europe qui vont en profiter. Pas moins de 22 associations dans le domaine éducatif ont déposé leur candidature pour profiter de ce projet. Six d’entres elles ont été retenues pour cette édition pilote. Grâce à quoi, ces associations, issues de la France, de l’Italie, de la Belgique et du Canada, dispenseront des cours de langue amazighe d’octobre à décembre 2011.

Un projet anté-constitution

Il serait faux de croire que le projet est fruit de la conjoncture et de l’actualité qui a porté la langue amazighe au rang de langue officielle dans la nouvelle Constitution. En janvier dernier déjà, un premier appel à candidature a été lancé afin de désigner les organismes qui allaient profiter de l’expérience. Les associations en question devaient justifier d’une grande expérience dans l’enseignement de la langue et d’un intérêt clair pour la culture amazighe.

Actuellement, le projet est opérationnel. Pour ce qui est de la formation pédagogique des futurs enseignants, les manuels et supports didactiques, l’IRCAM s’en chargera. Le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l’étranger quant à lui, financera les cours à hauteur de 50 à 80%. Les associations auront donc à débourser entre 20% et 50% du budget total.

Les associations retenues ont exprimé leur enthousiasme pour cette opération, venant concrétiser leurs efforts et ceux du ministère, dans une réalisation tangible des progrès annoncés par la nouvelle Constitution.

La symbolique du geste

Si l’officialisation de la langue Amazighe a eu un fort impact sur la communauté marocaine Amazighe à l’étranger, cette dernière ne se faisait pas d’illusion. Lorsque dans les pays d’accueil, les enfants marocains trouvent du mal à étudier la langue arabe, pour laquelle il existe déjà des ressources humaines formées et efficientes, l’idée d’apprendre le berbère sur les bancs de l’école n’effleurait pas la plupart.

« Je parle amazighe parce que c’est ma langue maternelle. Même au Maroc, je ne l’ai jamais étudié à l’école. J’essaie tant bien que mal de l’enseigner à mes enfants, mais ce n’est pas évident. Maintenant si des cours sont dispensés dans ma ville, j’y enverrai mes enfants et je potasserai même dans leurs cahiers ! », s’enthousiasme Mohamad, un berbère de Torino.

L’apport de la Constitution n’est pas à négliger dans ce projet. L’officialisation de la langue Amazighe, dans le nouveau texte, a donné un coup de fouet à ce projet pilote qui est vite sorti des longues procédures administratives pour se concrétiser.

Ahmed Boukouss, recteur de l’IRCAM, explique à son tour que «ceci génère un sentiment de fierté légitime, de dignité retrouvée, de réconciliation avec nous-mêmes et entre nous-mêmes, le sentiment, enfin, d’appartenir à part entière à la nation marocaine».

Sans préjuger des résultats attendus de cette opération, on peut d’ores et déjà compter sur le succès de cette initiative, au vu de l’importance que revêt l’apprentissage de la langue chez la communauté amazighe à l’étranger. Reste à trouver les moyens financiers et humains de pérenniser ce projet et de l’étendre à d’autres pays, pour élargir le nombre de bénéficiaires.

Fedwa Misk

Fadwa Miadi