Gaza : deux organisations de journalistes françaises portent plainte contre X pour entrave à la liberté d’exercer le journalisme et crimes de guerre

 Gaza : deux organisations de journalistes françaises portent plainte contre X pour entrave à la liberté d’exercer le journalisme et crimes de guerre

(Photo : Thomas SAMSON / AFP)

Une plainte contre X a été déposée mardi 2 décembre auprès du parquet national antiterroriste français par la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et le Syndicat national des journalistes (SNJ). Les deux organisations dénoncent une entrave à la liberté de la presse ainsi que des « crimes de guerre visant des journalistes français » à Gaza et en Cisjordanie occupée.

 

La FIJ et le SNJ, principal syndicat de journalistes en France, ont saisi le pôle crimes de guerre et crimes contre l’humanité du PNAT, à Paris.

Leur plainte vise à faire reconnaître les obstacles matériels, administratifs et sécuritaires « imposés depuis octobre 2023 aux journalistes français souhaitant couvrir la situation dans la bande de Gaza ».

La FIJ, basée à Bruxelles et représentant 600 000 professionnels dans 146 pays, et le SNJ entendent également dénoncer les conditions de travail en Cisjordanie occupée, où journalistes et reporters font face à des entraves attribuées à des policiers, militaires, douaniers ou encore à des civils, notamment des colons israéliens.

Faute de pouvoir identifier une autorité ou une personne unique, la plainte est donc déposée contre X.

Depuis les attaques du 7 octobre 2023 perpétrées par le Hamas en Israël, « aucun journaliste français n’a pu pénétrer de manière indépendante dans la bande de Gaza », déplore la plainte, qui décrit « un système organisé d’empêchement de la presse ».

Les demandes d’accès, qu’elles émanent de journalistes français ou étrangers, restent sans réponse ou sont systématiquement rejetées, même lors des périodes de cessez-le-feu.

Le texte souligne « des atteintes à la liberté d’expression protégée par le droit français et européen » et rappelle « la vocation universelle de la protection du droit d’informer ».

Les organisations considèrent que certains faits relèvent « d’actes matériels d’empêchement et de censure constitutifs pour certains de crimes de guerre ».

Pour étayer leurs accusations, elles invoquent le droit européen, notamment l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ainsi que le délit d’entrave à la liberté d’exercer le métier de journaliste inscrit à l’article 431-1 du Code pénal.

Les auteurs insistent sur le fait que cette plainte « n’est ni politique ni diplomatique », mais repose sur un cadre « strictement professionnel, déontologique et juridique ».

Si l’armée israélienne autorise ponctuellement certains journalistes français, dont le correspondant de Radio France, à entrer quelques heures dans Gaza, ces visites demeurent strictement encadrées : lieux, conditions et interlocuteurs sont imposés.

Ces reportages « embarqués », ou « embedded », ne permettent donc pas un travail libre et indépendant. La plainte inclut des preuves matérielles et des témoignages de reporters présents sur le terrain.

Le texte signale également l’agression d’un journaliste français, qualifiée de « constitutive de crimes de guerre ».

Les faits, survenus en Cisjordanie occupée, impliquent « une grave attaque de la part de près d’une cinquantaine de citoyens israéliens », munis « d’armes à feu, de bidons d’essence et de bâtons ».

S’ensuit « une course-poursuite de plusieurs heures, une nuit de terreur », durant laquelle le journaliste a craint d’être immolé.

Le parquet national antiterroriste devra examiner actuellement cette plainte d’une centaine de pages, avant de décider de l’ouverture ou non d’une enquête.

 

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