Mohamed le suédois, un talent de ouf

 Mohamed le suédois, un talent de ouf

crédit photo : Push Talent


Derrière ce nom de scène déroutant, un Marseillais ! Alors que son one-man show cartonne au Théâtre du Gymnase Marie-Bell, à Paris, l’humoriste y présente aussi, ce mois-ci, l’adaptation de sa web-série à succès, “Famille de ouf”. Portrait d’une figure montante du rire “avé l’accent”. 


Suédois Mohamed ? Marseillais d’origine algérienne pour être exact. Mais l’ironie du nom de scène fait mouche. Et derrière la blague, il y a la petite histoire : une Suédoise dont il était amoureux l’avait surnommé “Momo Swedish” à cause de ses yeux clairs.


En parallèle de son one-man show, Mohamed le Suédois se fout du monde, ce faux Scandinave mais vrai ­humoriste adapte sur la scène du Théâtre du Gymnase Marie-Bell, à partir de mi-octobre, sa web-série, Famille de ouf, dans laquelle il croque avec dérision le ­quotidien d’une famille franco-maghrébine. Humour communautaire ? Il s’en défend : “Ce serait dommage qu’un spectateur non maghrébin se braque et se sente ­exclu, parce que c’est justement à lui que je m’adresse. Je lui explique qui on est. Il faut juste qu’il s’ouvre !”


Voilà déjà deux ans, en tout cas, que le public se presse pour applaudir ses calembours au Théâtre du Gymnase. Un succès mérité pour ce bosseur acharné qui a connu la galère. “Je me réjouis, car tout mon travail finit par payer. Je ne crois pas à la chance.”


 


Révélé par le Marseille Comedy Club


Mohamed a grandi dans une cité au nord de Marseille, rêvant devant les films d’Eddie Murphy, les spectacles de Coluche, d’Elie Kakou, de Jamel ou de Gad Elmaleh. “Quand tu es issu des quartiers, si tu ne rêves pas, tu peux dire au revoir à ta vie ! Car on sait combien c’est difficile pour les jeunes de banlieue de s’insérer ensuite dans la société.” Convaincu que l’on ne devient pas mais que l’on “naît” humoriste, il confie que très jeune il faisait déjà marrer ses potes à l’école en imitant ses profs.


A 17 ans, il “monte” à Paris pour intégrer le Cours Florent, une école qui a formé bon nombre de comédiens célèbres. Loin de l’ambiance ensoleillée de la cité phocéenne, l’adaptation est difficile, mais il y trouve son compte. “A Marseille, il n’y a pas cette culture de sortir tous les soirs pour aller au théâtre.” Sa prof repère son potentiel comique et son talent d’improvisation, et lui conseille d’écrire des sketchs. Mais, ses études terminées, l’acteur ne décroche aucun rôle et rentre chez lui. Il travaille dans le secteur de la vente durant quatre ans et ne veut plus entendre ­parler de théâtre. En 2011, un ami l’inscrit au Marseille Comedy Club : bingo, il gagne la finale. Sur les conseils de Patrick Bosso, il écrit un spectacle et retente sa chance à Paris, écumant tous les cafés-théâtres, du lundi au dimanche. Et puis un jour, une vidéo postée sur les réseaux sociaux fait le buzz, et il déboule au Théâtre du Temple, puis au Gymnase : sa carrière est lancée.


Dans la vie, Mohamed est à l’opposé du clown triste. “Ma journée commence et se termine par le rire. Toute ma vie est au second degré !” Boulimique de travail, il écrit, observe, cogite constamment. Pour preuve, il interprète lui-même les six personnages de Famille de ouf. Car pour lui, la vraie force d’un comique se situe là : faire croire au public qu’il n’est plus lui-même. “J’adore me transformer, changer ma voix, mettre une perruque, un costume.” On reconnaît bien là le fan d’Elie Kakou. 


MAGAZINE OCTOBRE 2017

La rédaction du Courrier de l'Atlas