Mussie Zerai : prêtre sauveur de migrants et poursuivi par la justice

 Mussie Zerai : prêtre sauveur de migrants et poursuivi par la justice

« L’Europe continue de s’efforcer de fermer les frontières. En élevant des murs. Et les tribunaux sont utilisés pour arrêter nos signes d’humanité »


Le prêtre Mussie Zerai encourt jusqu’à 6 ans de prison et une amende pouvant aller jusqu’à 375 000 euros pour son action en faveur du secours des migrants en mer, rapporte le magazine espagnol Xlsemanal. Le candidat au prix Nobel de la paix est accusé de favoriser l’immigration clandestine en Italie en collusion avec les réseaux mafieux de passeurs.


Mussie Zerai est un prêtre catholique érythréen arrivé en Italie à l’âge de 16 ans. Depuis une quinzaine d’années, il est engagé dans des actions de sauvetage de migrants en Méditerranée et s’est fait connaître du grand public lors de la crise migratoire en Europe en 2015.


Avec son association Habeshia, fondée en 2006, il tente de venir en aide aux migrants en mer. Son action, dont l’écho s’est propagé dans les communautés de migrants, a permis de « secourir 150 000 personnes », selon son décompte. Un collectif avait soumis son nom comme candidat au prix Nobel de la paix 2015 (attribué à quatre organisations tunisiennes).


Le religieux reçoit quotidiennement des appels de détresse sur un numéro de téléphone que se transmettent les candidats à la périlleuse traversée de la Méditerranée. « Jusqu’à l’année dernière, j’ai répondu personnellement à tous les appels. Maintenant, je les passe à un réseau, Watch the Med, qui a des médiateurs culturels, des gens qui parlent des langues différentes », explique Mussie Zerai à Xlsemanal (article en espagnol). Lorsque lui ou son réseau est prévenu d’une situation de détresse, l’information est transmise aux services de secours qui ont la responsabilité d’organiser les opérations de sauvetage.


« J’agis en appliquant le droit à la vie », résume simplement celui qui est aujourd’hui sur le banc des accusés. « L’Europe continue de s’efforcer de fermer les frontières. En élevant des murs. Et les tribunaux sont utilisés pour arrêter nos signes d’humanité », ajoute-t-il. « Déjà en 2013, j’ai mis en garde les ONG : attention, tôt ou tard vous serez accusées de favoriser l’immigration clandestine ».


La justice le soupçonne de collaborer avec les réseaux de passeurs, notamment au travers d’une conversation privée sur l’application de messagerie Whatsapp. Accusations fermement démenties par l’intéressé. « Je n’ai participé à aucune conversation. Lorsque je reçois un appel, j’avise l’État. J’appelle la Garde côtière d’Italie ou de Malte. Mais je dis à l’État : “Faites votre travail !” Et ils n’aiment pas ça. »


Rached Cherif


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