Jazzablanca 2025. Une clôture en apothéose

Au fil de ses dix jours, Jazzablanca a une fois encore démontré son pouvoir unique de réunir les cultures, d’embrasser les styles et de faire dialoguer les traditions
Vendredi 12 juillet, la scène d’Anfa Park a refermé les portes de la 18ᵉ édition de Jazzablanca dans une ambiance incandescente. Dix jours durant, Casablanca a vibré au rythme des sons du monde.
Et pour son final, le festival a offert une soirée inoubliable : gnaoua en fusion, diva solaire et explosion hip-hop. Un bouquet final à l’image du festival : métissé, généreux, jubilatoire.
Gnaoua puissance trois : El Kasri, Nassouli, Ziad
La soirée a démarré sur les pas ensorcelants de la tradition. Hamid El Kasri, figure incontournable du patrimoine gnaoui, a ouvert le bal avec sa voix grave et son charisme de sage. À ses côtés, Mehdi Nassouli a joué les passeurs de flambeau. Ensemble, ils ont ressuscité les âmes des ancêtres à travers un dialogue intense et vibrant.
À ce duo magistral se sont joints des complices de longue date : Karim Ziad, bâtisseur de ponts rythmiques, Bilal et ses nappes électro-ethniques, et Rhani Krija, percussionniste globe-trotter. Le résultat : une fusion puissante, libre, presque chamanique. Le jazz se glisse dans les entrelacs du guembri, les corps ondulent, la transe opère.
L’apparition envoûtante d’Oum
Comme surgie d’un rêve, Oum rejoint les musiciens en milieu de set. L’icône marocaine, ovationnée la veille pour son concert empreint de spiritualité, improvise, danse, se laisse traverser par les sons. Sa voix flotte, puissante et délicate, épousant la vibration du guembri. Un moment suspendu, où le sacré rencontre le groove dans une osmose rare.
Puis la scène de Jazzablanca change de visage. Place au hip-hop, aux beats nerveux et à l’énergie brute. Macklemore entre en scène sous une ovation déchaînée, vêtu du maillot de l’équipe nationale marocaine. Effet garanti. Enchaînant ses plus grands tubes – Can’t Hold Us, Thrift Shop, Glorious – il électrise la foule, saute, danse, partage. Loin d’un simple show, c’est une performance généreuse, ponctuée de messages pour ses fans marocains et de clins d’œil à la culture locale.
Jupiter & Okwess : l’Afrique en ouverture
Quelques heures plus tôt, c’est Jupiter & Okwess qui avaient donné le ton. Avec leurs rythmes congolais mêlés de funk urbain et de groove tribal, les musiciens de Kinshasa ont allumé la mèche d’une soirée haute en couleur. Une énergie brute, viscérale, portée par une transe collective et fédératrice.
Un festival, mille visages
Au fil de ses dix jours, Jazzablanca a une fois encore démontré son pouvoir unique : celui de réunir les cultures, d’embrasser les styles, de faire dialoguer les traditions et les audaces contemporaines. Entre créations hybrides, têtes d’affiche et scènes émergentes, le festival s’impose comme un laboratoire vivant de la musique du monde.
Et même si les amplis se sont tus, l’écho de cette dernière nuit résonne encore dans les artères de Casablanca. Car ici, la musique ne s’arrête jamais.
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