Du métissage dans le flamenco

 Du métissage dans le flamenco

crédit photo : Cristina Quincler/AFP


Avec sa troupe Al Andalus Flamenco Nuevo, Paco Fernandez parcourt le monde. Danseur et guitariste, il donne de nouvelles couleurs à cet art qu’il pratique depuis son plus jeune âge. 


Issu d’une famille andalouse, Paco Fernandez est tombé dans la marmite du flamenco tout petit. “Chez moi, tout le monde ou presque fait de la musique, souligne le guitariste et danseur de la compagnie Al Andalus Flamenco Nuevo, créée en 2010 et installée à Lyon. Il y avait autant de chanteurs que de musiciens ou de danseurs”, précise celui qui a donné ses premiers spectacles en accompagnant son frère et son père dans des restaurants.


Motivé par la curiosité, Paco Fernandez a, plus tard, poussé les portes de différentes écoles de flamenco pour parfaire sa technique auprès de maîtres du genre à Grenade, Séville ou Madrid. “Il y a plusieurs styles : le côté austère, un peu dans la tragédie, et ­celui, plus joyeux et mélancolique, assez peu exploité dans les program­mations en France”, regrette-t-il.


Al Andalus Flamenco Nuevo, ­qui réunit plus de 30 musiciens et danseurs en France et en Espagne, fait le lien entre ­tradition et modernité. “Elle rend hommage à la diversité de l’Andalousie, au temps où les trois religions, Islam, Christianisme et Judaïsme, cohabitaient”, explique Paco Fernandez. “Nuevo”, qui signifie “nouveau” en espagnol, incarne la touche plus actuelle de la compagnie, qui introduit des instruments inattendus, comme le violon, dans certains morceaux.


 


Des danseuses orientales dans la troupe


Partisane du métissage musical et artistique, la troupe aime ­mêler des sonorités orientales au flamenco. “Ce sont des musiques qui font partie de la même famille, rappelle Paco Fernandez. On a des danseuses orientales dans la troupe. Il y a dans le fla­menco des complémentarités avec la musique orientale, qu’elle soit arabe ou juive, et le public au Maghreb y est très sensible, explique l’artiste, qui refuse une approche rigoriste de sa discipline. Pour nous, c’est un art qui évolue.”


Le flamenco a emmené la troupe aux quatre coins du monde, et notamment en Chine, où cette danse est très appréciée. “Nous avons beaucoup de demandes, mais en Asie, c’est comme au football : les gens sont prêts à débourser des fortunes pour faire venir des danseurs, s’amuse Paco Fernandez. C’est une danse très expressive et qui met en jeu énormément de sentiments.” Une danse qui parle donc à tout le monde et jusqu’en Iran où le flamenco est l’un des rares arts étrangers à connaître du succès. “Pour se produire là-bas, on s’adapte : on travaille moins sur la sensualité et on reste sur un répertoire plus austère.”


 


Un désir de coller à l’actualité


Habituée du Off du Festival d’Avignon depuis sept ans, la compagnie Al Andalus Flamenco Nuevo s’est produite au Théâtre des Variétés, à Paris, et plusieurs fois sur la scène du Bataclan. “On y a joué deux fois de suite en 2013. On avait fait le plein et il y avait une ambiance de folie”, se souvient Paco Fernandez, qui avoue qu’il sera très difficile pour lui d’y retourner.


Pour monter ses spectacles, le danseur et guitariste aime coller à l’actualité. “On veut être en phase avec notre époque, évoquer des problèmes géopolitiques par exemple. A travers l’art, on y donne une signification”, explique-t-il. Bientôt, peut-être, un spectacle sur la volonté d’indépendance de la Catalogne qui divise l’Espagne ? “Pour l’instant,c’est un peu délicat, admet-il. Mais ça pourrait être une source d’inspiration.”


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Ophelie Gobinet