L’amitié tuniso-libyenne s’affiche à Carthage

 L’amitié tuniso-libyenne s’affiche à Carthage

Le président de la République, Kais Saïed, a accueilli hier 18 août, à l’Aéroport international de Tunis-Carthage, le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Younes El-Menfi, venu effectuer une visite de travail en Tunisie. Souvent tumultueuses, les relations entre les deux pays frères n’ont pas toujours été au beau fixe ces dernières années.

Mais visiblement plus à l’aise avec son homologue Younes El-Menfi qu’avec le chef du gouvernement Abdel Hamid Dbeibah, le président tunisien a convenu lundi qu’« il est temps de passer à la vitesse supérieure vers un surcroît de coopération et d’intégration ». Le 8 août dernier, le poste frontalier de Ras Jedir a connu un afflux massif après une énième fermeture en mai 2025 : le record de plus de 4 000 entrées en 24 heures attestant de l’intérêt commercial et touristique des Libyens.

Signe que le Saïed est soucieux de passer à une dynamique vertueuse après une série de tensions avec Tripoli depuis 2021, ce dernier était « une fois n’est pas coutume assez souriant tout au long de la rencontre cordiale », notent des internautes à qui cet effort manifeste du Palais en matière de communication institutionnelle n’a pas échappé.

Dans leurs deux communiqués respectifs, les deux chefs d’État ont indiqué que les discussions « ont permis de réaffirmer l’excellence des relations historiques entre les peuples tunisien et libyen, ainsi que la volonté commune de les renforcer et de les développer […], au service des deux nations et pour consolider les bases de la sécurité, du développement et de la stabilité ». Les deux dirigeants ont en outre souligné l’importance d’accélérer la coopération afin de surmonter toutes les difficultés et de répondre aux aspirations communes en matière de partenariat.

La présidence tunisienne a ainsi mis en avant la nécessité de relever ensemble les défis communs, dans la mesure où la sécurité nationale des deux pays est « une et indivisible ». Fidèle à son lexique souverainiste, le président de la République a par ailleurs réitéré la position ferme et de principe de la Tunisie en faveur des « choix libres du peuple libyen », allusion entre autres aux ingérences occidentales post 2011.

 

Rejet implicite des médiations internationales

La situation en Libye, a-t-il martelé, n’est pas une affaire internationale mais un dossier strictement interne, dont la solution ne peut être que libyenne et sans aucune ingérence extérieure. « Le peuple libyen est souverain, et lui seul est habilité et capable de définir les solutions qui lui conviennent. Ni les compétences ni la volonté ne lui font défaut », a-t-il affirmé.

L’entretien a également porté sur la situation en Palestine occupée et les « crimes de génocide perpétrés par les forces d’occupation sionistes ». Outre les dizaines de milliers de martyrs et de blessés, l’armée d’occupation s’emploie à détruire toutes les conditions de vie, recourant à la famine et privant la population d’alimentation, d’eau et de médicaments. « Le peuple palestinien souffre et meurt de faim sous les yeux du monde », a dénoncé Kais Saïed à cette occasion, au moment où un projet de cessez-le-feu a été entériné par le Hamas et où Israël étudie encore l’accord.

Saïed a réaffirmé la position constante de la Tunisie en faveur du droit du peuple palestinien à établir son État indépendant et pleinement souverain sur l’ensemble du territoire palestinien, avec pour capitale Jérusalem. « Ce droit est imprescriptible, et le peuple palestinien, par sa résistance héroïque, fera échouer toutes les tentatives de briser sa volonté ou d’imposer des plans de déplacement forcé », a-t-il conclu.

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