Tensions entre la Tunisie et la Libye : bilan mitigé de la visite de Dbeibah

 Tensions entre la Tunisie et la Libye : bilan mitigé de la visite de Dbeibah

Les sourires de façade cachent mal la non réouverture des frontières tuniso-libyennes, fermées depuis peu sur décision tunisienne. A l’issue d’une visite éclair du chef de gouvernement d’union nationale libyen Abdelhamid Dbeibah à Carthage, c’est le statu quo qui prévaut encore dans les relations entre les deux pays voisins pas apaisées pour autant.

« La sécurisation des frontières, la lutte contre le terrorisme, la santé et la circulation des personnes et des marchandises ont été au centre de l’entretien du président de la République Kaïs Saïed, jeudi, à Carthage, avec le Chef du gouvernement libyen d’unité nationale Abdel Hamid Dbeibah ». Peut-on lire dans le communiqué officiel du Palais de Carthage qui n’a accordé qu’une couverture minimaliste de cette visite.

Signe que la réunion ne s’est pas déroulée sous les meilleurs auspices, le son a été muté de la vidéo de 50 petites secondes montée par la communication du président Kais Saïed.

 

Des déclarations officielles euphémistiques

Plus loin, on peut lire également que « l’accent a, en outre, été mis sur l’impératif de prémunir les relations bilatérales contre toutes les tentatives de perturbation, afin d’assurer un avenir meilleur pour les deux peuples frères selon une nouvelle conception ». En clair, une série d’euphémismes qui masquent à peine le malaise toujours perceptible entre les deux leaders.

Et pour cause : la veille de ce déplacement annoncé 24 heures à l’avance, Dbeibah avait persisté dans la même escalade verbale. Celle-ci n’a pas bougé d’un iota s’agissant du registre de la défiance à l’égard des autorités tunisiennes.

 

Le numéro 1 de l’exécutif persiste et signe en effet dans des éléments de langage similaires à son discours de la fin août, celui-là même à l’origine du différend en cours.

Lors d’une séance plénière du Parlement libyen consacrée à des questions des députés au gouvernement de transition libyen, Dbeibah avait ainsi déclaré : « Il existe un rapport du bureau Interpol tunisien qui accuse les Libyens d’exporter le terrorisme. Notre ministre de l’Intérieur a rejeté ces propos absurdes. C’est un document officiel et les Tunisiens l’ont corroboré via leur presse. Or, nous savons, comme en attestent les statistiques mondiales, d’où vient le terrorisme… Ceci nous le réaffirmons encore et encore. Je rends d’ailleurs visite au président Saïed demain pour traiter de ce sujet et mettre les points sur les i. […] Je vous monterai certaines vidéos que je ne veux pas divulguer dans les médias. Les Tunisiens ont besoin de la réouverture des passages frontaliers, et nous en avons besoin aussi ».

Au moment où le sommet d’Alger ainsi que l’ensemble des arbitres du conflit inter-libyen à l’international exigent l’évacuation sans délais des mercenaires encore présents sur le sol libyen, le pouvoir libyen doit faire face à de nouveaux affrontements violents à l’artillerie lourde entre deux unités de l’armée dans une banlieue sud de Tripoli, selon le commandement militaire de la capitale libyenne.

Seif Soudani