Libye. Calme fébrile après la résurgence de la violence armée

Bilan mortifère en Libye où de nouveaux affrontements entre groupes armés rivaux ont surpris la capitale Tripoli dans la nuit de lundi à mardi 13 mai : six morts sont à déplorer, a annoncé mardi le Centre de médecine d’urgence, après que le gouvernement de Tripoli a assuré avoir repris le contrôle de la situation.
Une annonce d’apaisement qui n’a visiblement pas convaincu les habitants de la capitale libyenne qui continuaient jusque tard ans la nuit à affluer vers le poste frontalier de Ras Jedir vers la Tunisie voisine, à mesure qu’ils suivaient les impressionnantes images d’échange de tirs sur les réseaux sociaux. « Six corps ont été récupérés sur les lieux des affrontements autour d’Abou Salim », un quartier populaire de Tripoli, a indiqué le Centre de médecine d’urgence et de soutien.
Une personnalité high-profile tuée
Des affrontements à l’arme lourde, mitrailleuses et lance-roquettes, ont éclaté lundi vers 21H00 heure locale dans la capitale, au cours desquels Abdelghani « Gheniwa » el-Kikli, chef de l’Autorité de soutien à la stabilité (SSA), un influent groupe armé basé dans le quartier défavorisé d’Abou Slim, dans le sud de Tripoli, a été tué. Ce fut là vraisemblablement le premier objectif de cette opération.
Suite à quelques heures de violents combats, le ministère de la Défense affirme que « l’opération militaire a été menée avec succès et que des instructions ont été données pour compléter une opération (…) permettant d’assurer une sécurité et une stabilité durables », a annoncé le gouvernement dans un communiqué au milieu de la nuit.
« Je salue les ministères de l’Intérieur et de la Défense, ainsi que tous les membres de l’armée et de la police, pour avoir instauré la sécurité et affirmé l’autorité de l’Etat dans la capitale », a ajouté le chef du gouvernement de Tripoli, Abdelhamid Dbeibah, dans un communiqué sur X.
« Ce qui a été accompli aujourd’hui montre que les institutions régulières sont capables de protéger la patrie et à préserver la dignité des citoyens », a-t-il écrit. Il s’agit, selon lui, d’« une étape décisive vers l’élimination des groupes irréguliers et l’instauration du principe selon lequel il n’y a de place en Libye que pour les institutions de l’Etat, et il n’y a d’autre autorité que celle de la loi », confirmation que la faction rebelle était bien visée par cet assaut gouvernemental.
La Libye se remet difficilement des années de guerre et de chaos qui ont suivi la révolte de 2011 et la chute du dictateur Mouammar Kadhafi. Elle reste à ce jour divisée entre un gouvernement établi à Tripoli reconnu par l’ONU et une administration rivale dans l’est du pays, contrôlée par le clan familial du maréchal autoproclamé Khalifa Haftar.
En dépit d’un relatif retour au calme observé depuis quelques années, des affrontements se produisent périodiquement entre la myriade de groupes armés présents dans le pays dans le cadre de luttes pour des zones d’influence et de contrôle de la manne pétrolifère générée par le pays.
>> Lire aussi : La Libye pénalisée par une brusque dévaluation de sa monnaie