L’université de Harvard accepte de remettre des photos d’esclaves à un musée

Tamara Lanier lors d’une conférence de presse annonçant une poursuite contre l’Université Harvard le 20 mars 2019 à New York. Lanier a accusé l’Université Harvard de saisie illégale, de possession et de monétisation des images photographiques de son arrière-arrière-arrière-grand-père, un homme africain réduit en esclavage nommé Renty, et de sa fille, Delia. Kevin Hagen/Getty Images/AFP
L’université de Harvard abandonne la propriété d’une série de photos d’esclaves noirs, suite à un accord avec une plaignante qui affirme être leur descendante.
Ces daguerréotypes, pris en 1850, sont considérés comme les premières photographies connues d’esclaves noirs américains. Ils sont, depuis des années, au centre d’une bataille judiciaire entre Tamara Lanier, une ancienne contrôleuse judiciaire retraitée qui en réclamait les droits, et la prestigieuse institution universitaire située près de Boston. Un esclave, connu de son seul prénom, Renty, et sa fille Delia, y sont montrés dans une image dégradante, en partie dénudés.
Descendante de Renty ?
Prises dans l’État de Caroline du Sud, les images ont été commandées par un célèbre biologiste de Harvard, Louis Agassiz (1807-1873), pour appuyer ses théories sur une prétendue supériorité des personnes blanches. Tamara Lanier, qui affirme être une descendante de Renty, accusait Harvard d’avoir continué à exploiter ses images pendant des décennies, notamment en couverture d’un livre en 2017.
En 2019, Lanier a intenté une action en justice contre Harvard, alléguant une possession illégitime des images et une exploitation sans consentement. Bien que les tribunaux aient reconnu que Lanier ne pouvait pas revendiquer la propriété des photos, ils ont estimé qu’elle pouvait poursuivre l’université de Harvard pour détresse émotionnelle. Un règlement confidentiel a été conclu, incluant une compensation financière et le transfert des images au musée de Charleston.
Propriété non confirmée
Les clichés seront remis à l’International African American Museum, un musée d’histoire afro-américaine situé à Charleston, en Caroline du Sud. Harvard souligne le fait qu’elle n’a pas été en mesure de confirmer que la plaignante était bien une descendante des esclaves photographiés et donc de lui reconnaître la propriété des images controversées.
Le musée, inauguré en 2023 sur le site historique de Gadsden’s Wharf — où des milliers d’Africains réduits en esclavage ont débarqué —, s’engage à contextualiser ces images et à honorer la mémoire de Renty et Delia. Tamara Lanier a salué cette décision comme une avancée vers la justice historique et la reconnaissance de la dignité de ses ancêtres.
Ce transfert marque une étape significative dans la restitution d’artefacts liés à l’esclavage et dans la reconnaissance des souffrances endurées par les personnes réduites en esclavage et leurs descendants.