Polémique autour de la participation d’un artiste franco-marocain au Marrakech Art Fair
Après le scandale suscité par l’éventuelle participation de l’artiste photographe franco-marocain Mehdi-Georges Lahlou à la deuxième édition du Marrakech Art Fair, les organisateurs de l’événement en question démentent l’info en déplorant que les médias aient colporté un buzz malsain.
C’est le quotidien marocain Attajdid, dirigé par Mustapha El Khalfi, membre du PJD, qui cria d’abord au scandale. Dans un article épouvanté, le journal annonçait l’invitation au Marrakech Art Fair d’un artiste qui utilise des versets coraniques dans des projets à caractère sexuel ! L’événement d’art contemporain censé avoir lieu du 30 septembre au 3 octobre, se trouva au centre d’une polémique bien houleuse.
Selon la même source, il s’agit du franco-marocain Mehdi-Georges Lahlou, photographe qui utilise son propre corps comme support à son travail. Cependant, les autoportraits de Mehdi-Georges ne manquent pas de choquer. L’œuvre intitulée « Koranic Inlay » est particulièrement ébouriffante. Travaillées au photoshop, les photographies du corps nu de Mehdi Georges comportent des versets coraniques, donnant ainsi l’impression qu’ils sont tatoués sur son corps.
« Le dit-artiste entre dans une confusion grave portant atteinte à l’identité musulmane des Marocains. Non seulement il insulte toutes les religions, mais il y a d’autres vidéos de lui, d’autres images où les symboles musulmans sont bafoués », a estimé le directeur de publication d’Attajdid, sans oublier de fustiger les ministres de la Culture et du Tourisme qui selon lui encouragent des artistes islamophobes !
Mehdi-Georges communique
Interpelé par ce tollé, Mehdi Lahlou affirme n’avoir jamais prévu de participer à cet événement. La galerie Dix9, où il expose certaines de ces œuvres, est par contre programmée au Marrakech Art Fair 2, mais elle ne dispose pas de la « Koranic Inlay ». Dans un communiqué publié sur son propre site, l’artiste-photographe déplore qu’on ait publié des « écrits infondés sur ses propos, son travail artistique et sa propre personne », avant de préciser que « Mehdi-Georges Lahlou n’a jamais voulu insulter les membres de la communauté musulmane ».
Né de mère chrétienne et de père musulman, l’artiste avait réalisé en 2010 un diptyque composé de « Biblical Inlay » et « Koranic Inlay », afin de traiter de l’appréhension du corps dans un environnement culturel mixte. « La nudité n’est pas l’essence du travail de l’artiste, mais bien le corps. Il lui arrive d’utiliser la nudité non pas dans un but de provocation, mais afin d’interroger la place du corps au sein d’un héritage traditionnel », explique le communiqué de l’artiste.
Les organisateurs dans l’embarras
La société Art Holding Maroc, organisatrice du Marrakech Art Fair, a précisé dans un communiqué, publié par la MAP, que l’artiste en question n’est pas au programme de la deuxième édition. « L’équipe organisatrice de Marrakech Art Fair a appris avec grand étonnement les informations publiées par des sites électroniques marocains […] Les informations publiées et relayées dans ces sites sont fausses et dénuées de tout fondement ».
Hicham Daoudi, président de la société, a par la suite déploré l’implication d’une exposition d’art contemporain dans les campagnes électorales prématurées, dans un commentaire accordé au site d’information arabophone Goud.
Le Marrakech Art Fair 2, se tiendra du 30 septembre au 3 octobre prochain, au Palace Es Saadi. L’événement, consacré à l’art moderne et contemporain, devrait accueillir, au total, 48 galeries internationales.
Fedwa Misk
