Adil Boushib, il excelle chez Microsoft

 Adil Boushib, il excelle chez Microsoft

crédit photo : Fotodesign Märzinger


Manager pour le géant américain à Munich, cet informaticien gravit les échelons depuis 2003. Pourtant, à son arrivée outre-Rhin, pour celui qui ne parlait pas un mot d’allemand, le pari était loin d’être gagné.


Adil grandit à Marrakech où il obtient son bac en sciences expérimentales. A l’université, il opte pour les maths et la physique avec un objectif, celui de “devenir chirurgien cardiologue”. A l’époque, au Maroc, les places sont rares, alors il tente le concours pour intégrer l’université de médecine de Montpellier. “J’ai passé les deux premiers tours, mais pas le troisième”, raconte-t-il.


En quête d’un nouveau challenge, il hésite à partir pour l’Angleterre. “Mais un ami qui revenait d’Allemagne, très content après y avoir obtenu son Deug (diplôme d’études universitaires générales, ndlr), a fini par me convaincre de tenter ma chance là-bas.” Il lui faut un an et demi pour obtenir le visa. Le 11 janvier 1993, après une semaine à Paris, il débarque à Aix-la-Chapelle, de l’autre côté de la frontière : “J’y ai passé quatre mois pour décider de mon orientation et apprendre l’allemand.” Un mois plus tard, Adil passe l’examen de langue et le réussit du premier coup. Une vraie surprise : “Je ne parlais pas un mot en arrivant, je ne m’y attendais pas.”


 


Six ans d’études en informatique


En novembre 1993, il intègre l’université de Passau, en Bavière, pour commencer des études d’informatique qui dureront six ans. “Une fois diplômé, j’ai travaillé pour une boîte dans le domaine de la chimie et des produits pharmaceutiques, pendant trois ans, avant de rejoindre une start-up.” A Munich, il travaille sur des applications en ligne et des projets Java, mais la petite entreprise décide de délocaliser sa programmation en Inde.


En octobre 2003, Adil rebondit en rejoignant Microsoft, où il “accompagne les partenaires au quotidien”, avant d’intégrer l’équipe des “business applications”. “J’étais en charge durant huit ans des 20 meilleurs partenaires en Allemagne”, relate-t-il.


Un parcours linéaire qu’il décide d’accélérer l’an dernier. Adil se lance en effet dans un nouveau projet afin d’insuffler l’“esprit start-up” au cœur du géant Microsoft. “Dans une entreprise aussi grande, avec toute la bureaucratie, nous ne sommes plus dans l’essai, dans la part d’erreur qui permet de réfléchir à évoluer autrement, explique l’informaticien. On voulait retrouver cet esprit, plus proche des clients. On a donc créé des services qui s’adaptent à leurs besoins, afin de leur offrir un service plus personnalisé.”


 


Le réseau de compétences germano-marocaines


Bien décidé à ne pas s’arrêter en si bon chemin, Adil a effectué une formation pour devenir manager. Désormais, il dirige l’équipe des “partners technologies” : “On a la responsabilité d’un revenu de 3 milliards d’euros, soit 60 % du budget de Microsoft en Allemagne.” Bourreau de travail, le Marocain garde toujours un pied à Marrakech, où il se rend chaque année en famille pour les vacances. Membre du Deutsch-Marokkanisches Kompetenznetzwerke (DMK), un réseau de compétences germano-marocaines, il tient à contribuer au développement de son pays. “On a organisé notre troisième forum à Tanger et les projets ne manquent pas”, assure-t-il. 

Jonathan Ardines