Prison : des associations dénoncent un « populisme pénal décomplexé »

 Prison : des associations dénoncent un « populisme pénal décomplexé »

Gérald Darmanin à la prison de la Santé le 21 novembre 2025, alors que sa politique pénitentiaire fait débat. (Photo : Thibaud MORITZ / AFP)

Plusieurs associations appelaient hier (3 décembre) à être vigilant sur les dangers de la politique, punitive et très médiatisée, menée par Gérald Darmanin en tant que ministre de la Justice.

Interdiction des activités dites « ludiques » ou « provocantes » en prison, participation des personnes détenues aux frais de leur incarcération, retour des quartiers de haute sécurité, au premier semestre 2025, Gérald Darmanin a multiplié les annonces fracassantes.

Une politique qui n’est pas du goût de plusieurs associations, dont l’A3D (Avocats pour la défense des droits des détenus), l’Observatoire international des prisons ou encore le SAF (Syndicat des avocat.es de France).

Dans un courrier adressé au Premier ministre Sébastien Lecornu, elles s’inquiètent d’une politique dangereuse pour la justice et l’Etat de droit dénonçant un garde des Sceaux « qui s’enlise dans un populisme pénal décomplexé ». Pour les associations, Gérald Darmanin érige le « respect des victimes » en « élément marketing pour réformer coûte que coûte ».

Restrictions en série

En novembre, la mise en place d’une restriction des activités autorisées dans le cadre des permissions de sortir était étudiée. Avec l’évasion survenue le 14 novembre au cours d’une visite au planétarium de Rennes, cette volonté s’est renforcée.

Depuis, les annulations de permissions de sortir se multiplient, alors qu’elles sont essentielles à la réinsertion selon les associations. Dans la même lignée, en février dernier, le ministre de la Justice interdisait l’organisation de toute activité « ludique ou provocante ».

Arguant leur utilité pour la réinsertion, le 19 mai, le Conseil d’Etat retoquait cette initiative : « si le ministre de la Justice peut fixer les conditions d’exercice des activités proposées par l’administration pénitentiaire, il ne peut interdire, par principe, des activités conformes au code pénitentiaire, simplement parce qu’elles auraient un caractère « ludique » ». 

Prime au punitif

Dans leur courrier, les associations relèvent un contraste saisissant. Alors que 14 millions d’euros étaient prévus en 2026 en faveur des mesures de placement à l’extérieur sur l’ensemble du territoire, Gérald Darmanin a annoncé un plan « zéro portable » nécessitant un budget de 29 millions d’euros pour sécuriser six établissements.

« Alors que l’investissement dans des dispositifs d’aménagement de peine a fait la preuve de son efficacité en matière de réinsertion et de réduction de la récidive, priorité est donc donnée à des mesures d’affichage plutôt qu’à une politique pénale constructive et ambitieuse », constataient amèrement les associations.

Elles demandent un changement de cap de la politique du garde des Sceaux qui affiche des « annonces démagogiques, qui fragilisent toujours un peu plus l’exécution des peines en brouillant ses maigres repères ».