Prisons : canicule et surpopulation carcérale, un cocktail détonant

Illustration – Prison de Villeneuve-lès-Maguelone, dans le sud de la France. (Photo : Pascal Guyot / AFP)
Dans les prisons, les fortes chaleurs combinées à la surpopulation créent un cocktail explosif. L’arrivée d’une nouvelle vague de chaleur en fin de semaine fait craindre le pire.
« J’ai visité des cellules où il faisait 50 degrés », révélait Dominique Simonnot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, chargée de défendre les droits des détenus. La canicule fait ressortir la vétusté des prisons françaises.
Les quelques ventilateurs brassent de l’air chaud, les détenus suspendent des draps mouillés aux fenêtres pour tenter de récupérer un peu de fraîcheur, et la climatisation est inexistante.
Si l’atmosphère s’est rafraîchie ces deux derniers jours sur l’Hexagone, les prévisions météorologiques annoncent une nouvelle vague de chaleur pour la fin de semaine.
Plan canicule
En début de semaine dernière (30 juin), le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a activé un « plan canicule » dans les prisons : meilleur accès aux douches, amélioration de la circulation de l’air en laissant les portes des cellules ouvertes, installation de brumisateurs dans les cours de promenade — lesquelles seront d’ailleurs réorganisées hors des heures les plus chaudes.
Dans les cantines des établissements pénitentiaires, les détenus peuvent déjà se procurer des ventilateurs ou des bouteilles d’eau. Pour ceux qui touchent moins de 40 euros par mois, le plan prévoit la distribution gratuite de 1,5 litre d’eau par jour. Un dispositif jugé insuffisant par la contrôleure générale des lieux de privation de liberté.
Facteur aggravant
La canicule est un facteur aggravant qui vient s’ajouter à une surpopulation carcérale endémique. Au 1er juin 2025, 84 447 personnes étaient détenues pour une capacité opérationnelle de 62 566 places. Certaines cellules individuelles accueillent jusqu’à trois ou quatre détenus. Dans ces conditions, la chaleur exacerbe les tensions entre codétenus.
« On compte trois morts depuis juin », déplorait Dominique Simonnot. Une violence qui touche aussi les surveillants : le 2 juillet, deux d’entre eux ont été hospitalisés après avoir été agressés par un détenu au centre pénitentiaire de Béziers.
Pour Marine Orengo, secrétaire de l’UFAP-Unsa Justice à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, la forte chaleur ne fait que rappeler ce que tous dénoncent depuis des mois, voire des années : « C’est la surpopulation, le problème, pas la canicule. »
