Schéma national des violences urbaines : l’Intérieur recule face aux journalistes

 Schéma national des violences urbaines : l’Intérieur recule face aux journalistes

Illustration – Place de la République, devant un mur de journalistes photographes, un policier lance une bombe lacrymogène vers les manifestants gilets jaunes. Paris, 2 février 2019. KARINE PIERRE / HANS LUCAS / AFP

Dans une publication estivale, le ministère de l’Intérieur actait le nouveau Schéma national des violences urbaines (SNVU) permettant d’écarter les journalistes. Mesure finalement abandonnée.

Devant l’indignation des journalistes et avant même que l’affaire n’arrive devant le Conseil d’État, mardi 9 septembre, le ministère de l’Intérieur a retiré de son SNVU une disposition très contestée.

« La prise en compte du statut des journalistes, telle que consacrée par le schéma national du maintien de l’ordre, ne trouve pas à s’appliquer dans un contexte de violences urbaines », une phrase qui a provoqué un tollé.

À la veille d’une rentrée d’ores et déjà marquée par des mouvements sociaux d’ampleur, ce schéma prévoyait donc la possibilité, pour les forces de l’ordre, d’empêcher la présence de journalistes.

Contre-attaque

La liberté de la presse et, surtout, la liberté de manifester étaient très clairement menacées selon plusieurs ONG et syndicats de journalistes, dont la CFDT-Journalistes, le SNJ, le SNJ-CGT ou encore le SGJ-FO.

« Alors qu’un mouvement important de contestation sociale s’engage, et face à l’urgence que cette expression collective puisse pleinement s’exercer et se diffuser, la LDH (Ligue des droits de l’Homme) (…) porte désormais l’affaire, aux côtés de syndicats de journalistes, en référé-liberté devant le Conseil d’État pour qu’il se prononce en urgence en suspendant ce Schéma national des violences urbaines », indiquait de son côté l’ONG, dans un communiqué.

Lundi 8 septembre, l’intersyndicale ainsi que plusieurs ONG avaient saisi le Conseil d’État via un référé-liberté. Alors que l’audience se tenait seulement hier, jeudi 11 septembre, dès mardi, dans un mémoire en défense, la place Beauvau annonçait retirer la mention contestée.

Maladresse ?

Contacté par les syndicats, le ministère de l’Intérieur a donné des explications jugées peu satisfaisantes par les représentants des journalistes : « Le ministère de l’Intérieur et la police nationale effectuent un rétropédalage en parlant d’une “maladresse”. Les services communication nous jurent, main sur le cœur, de ne pas avoir été au courant de ce document. Mais comment est-ce possible ? ».

« Vécue comme une véritable provocation », la volonté d’écarter les journalistes des opérations de “violences urbaines” a laissé l’intersyndicale très méfiante. Cette dernière réclame du ministère de l’Intérieur et de la police nationale la publication d’un écrit officiel rappelant « le rôle indispensable des journalistes dans une démocratie digne de ce nom ».

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