Solidarité avec la Palestine : frapper les ONG au portefeuille

Quartier d’Al-Saftawi, à l’ouest de la ville de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 10 décembre 2025. (Photo de BASHAR TALEB / AFP)
Après la décision inique du Crédit coopératif de fermer le compte de l’Union juive française pour la paix (UJFP) le 30 juillet 2025, pour priver l’association d’un outil essentiel pour financer ses projets humanitaires à Gaza, qu’on avait dénoncée à l’époque dans les colonnes du journal, on avait cru avoir affaire à un comportement isolé. Or il semble que beaucoup de banques en France se sont donné le mot pour mettre en place une série de blocages qui visent essentiellement les ONG, les collectifs et même des particuliers engagés dans une démarche humanitaire à l’égard de la situation inouïe des populations palestiniennes victimes d’un nettoyage ethnique de la part de « l’armée la plus morale du monde ».

Le cas de l’Union juive française pour la paix (organisation juive antisioniste) qu’on avait évoqué est un cas d’école puisque le Crédit coopératif a bloqué les virements financiers de l’association, malgré toutes les preuves de bonne foi de l’ONG qui permettent à la banque de suivre une traçabilité impeccable : l’identité des correspondants à Gaza, les rapports d’utilisation des fonds, etc.
Le pire dans tout cela, c’est que l’établissement financier avait reçu des milliers de lettres de protestation sans que ça émeuve les responsables.
D’une manière générale, et selon nos informations, les organismes financiers qui bloquent désormais des millions d’euros destinés à la population civile se cachent tous derrière le prétexte de l’application des règles de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT).
Les banquiers ont-ils reçu des ordres émanant de je ne sais qui ? S’agit-il de consignes implicites, les banquiers préférant se mettre du côté du plus fort ? Difficile d’avoir le fin mot de l’affaire, mais quoi qu’il en soit, les Palestiniens peuvent « crever », les projets agricoles tomber à l’eau au moment où l’ONU, qui semble plutôt alignée sur la version israélo-américaine, ose quand même évoquer une situation humanitaire, notamment à Gaza, « apocalyptique ».
Dans un contexte où les banques françaises financent non seulement l’économie israélienne, mais aussi, par la même occasion, les armes qu’Israël achète pour mettre à exécution son projet de génocide et de déportation des populations civiles de Gaza, comment ne pas être révolté face à ces actions de blocage qui visent tout engagement humaniste envers cette population démunie ?
Pour les acteurs associatifs concernés, ces interventions musclées s’expliquent par une logique de criminalisation de la solidarité avec la lutte du peuple palestinien qui touche tous les secteurs puisqu’il suffit désormais de porter un keffieh ou de crier « Free Palestine » pour être poursuivi en justice pour « apologie du terrorisme ».
