Fnac et Darty s’additionnent à une pluie de franchises

Le géant de la distribution français Fnac-Darty vient de s’installer à la Marsa, banlieue nord de Tunis, sur une surface considérable de près de 2.000 carrés. Cette rapide multiplication des franchises est-elle bénéfique en termes de dynamisation de l’économie locale ? Certains Tunisiens restent sceptiques.

Le rayon Jeux vidéo occupe une place de choix dans un pays où l'intérêt pour le gaming est en plein essor. Photo Seif Soudani / LCDA

Devenu « Fnac Darty » en 2016, le groupe français spécialisé dans la distribution de matériel électroménager et dans la culture poursuit donc son expansion au Maghreb. Ainsi il était déjà présent au Maroc depuis près de 7 ans, où il a ouvert début 2018 son troisième point de vente à Casablanca.

En Tunisie où la donne est différente en matière d’accélération des accords de franchise, l’enseigne de l’électroménager vient s’agglutiner à une multitude de groupes qui n’ont élu domicile dans la capitale tunisienne que très récemment. Si certes Carrefour et Casino, via l’hypermarché Géant, se sont implantés dans les années d’avant révolution, la contraction puis la récession de l’économie liée aux évènements post révolution avait ralenti l’attrait de la plupart des multinationales.   

Premières critiques

Mais la prolifération des franchises a-t-elle pour inévitable corolaire une désindustrialisation rampante ? C’est en tout cas ce que pense le juriste Chedly Mamoghli, parmi les détracteurs de cette tendance en Afrique du nord, plus particulièrement en Tunisie.

« A quand la maison Petrossian à Tunis ? Le peuple en a marre de la viande rouge et veut manger du caviar. A quand un espace dédié aux havanes ? Un temple dédié au cigare. Le peuple en a marre des clopes qui puent. A quand une franchise Moët Hennessy ? Le peuple en a marre du lait, le peuple veut sabrer le champagne. […] A quand Fauchon à Kasserine et à Sidi Bouzid ? Le peuple veut des épiceries fines. Vive les franchises ! A bas l’industrie ! », ironise Mamoghli à propos du différentiel entre l’offre et la demande.

C’est que depuis quelques mois sont venus s’ajouter au paysage commercial du pays des enseignes qui, si elles ne correspondent en Occident au créneau du grand luxe, ciblent de facto en Tunisie les classes les plus aisées du fait de leur emplacement, des prix pratiqués ainsi que de la dépréciation du dinar tunisien.

Multiplexe Pathé cinéma (ouvert le mois dernier à Tunis), Boulangerie Paul, Maison Eric Kayser, restos Hippopotamus, KFC, Quick, magasins Tati et Kiabi… pour ne citer que ces inaugurations dans les quartiers huppés de Tunis, sont en effet davantage fréquentés par une « upper middle class » que par la classe moyenne nationale.

Vers un ambitieux réseau

Présent ce weekend sur place pour répondre aux journalistes, le fraîchement investi directeur général Fnac-Darty Tunisie Dominique Dubald, se veut optimiste : « C'est un moment important parce que c’est certes l’ouverture de deux points de vente mais aussi la présence désormais de Fnac et Darty en Tunisie. C’est une venture qui s’inscrit dans un mouvement à long terme. On ne va pas s’arrêter à ces deux-là, il y a tout un projet de développement. C’est un projet très important qui va au-delà de ces deux points de vente. Darty c’est près de 400 magasins en France. L’ouverture de Darty en Tunisie est la première ouverture en dehors de la France depuis 4 ans ou 5 ans », se félicite-t-il au moment où l’on parle à terme de 12 points de vente sur le territoire tunisien.

A la recherche d’une main d’œuvre tunisienne jeune et qualifiée, l’ouverture de ces magasins a permis pour le moment la création de d’une soixantaine d’emplois directs dont une majorité de jeunes diplômés du supérieur, issus des ISET et des écoles de commerce.

La moyenne d’âge ne dépasse pas quant à elle les 30 ans, souligne Sami Smaoui, responsable de département franchise qui précise que des formations en Tunisie comme en France ont été prodiguées au personnel des deux enseignes dans le souci de garantir les mêmes standards de qualité et de service. Rendez-vous dans 1 an pour un premier bilan après une phase test qui s’annonce instructive au vu de l’affluence non négligeable observée les 29 et 30 décembre courant.

Seif Soudani

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