Une ONG dénonce les mauvais traitements commis dans les centres de rétention

 Une ONG dénonce les mauvais traitements commis dans les centres de rétention


Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), principale organisation tunisienne de défense des droits des migrants, a dénoncé mardi les violations des droits commis dans les centres de rétention du pays, alors que des vidéos semblant montrer les violences commises lors de tentatives de déportation circulent sur les réseaux sociaux.


Les vidéos ont été tournées discrètement à l’intérieur du centre de rétention – officiellement dénommé centre « d’accueil et d’orientation » – d’El Wardia, dans la banlieue de Tunis, selon leurs auteurs et les activistes qui les ont relayées. Diffusées sur les réseaux sociaux lundi, elles montrent, sous deux angles différents, des agents de la garde nationale tentant d’emmener de force certains détenus qui tentent de résister.


 



« Ils sont venus les chercher à 5 heures du matin pour les renvoyer à la frontière », commence celui qui filme avec son téléphone caché derrière une porte. L’un deux proteste et refuse d’« aller à la frontière ». « Moi je ne suis pas algérien », lance un autre détenu en se débattant, alors que la scène manque de tourner à l’affrontement général avec l’intervention d’autres détenus.


Ces vidéos rares de l’intérieur d’un centre de rétention tunisien confirment les pratiques de déportation de migrants subsahariens vers les frontières terrestres de la Tunisie. « Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (…) a précédemment alerté sur des violations commises dans les “centres d’accueil et d’orientation” », rappelle l’ONG.


Le FTDES appelle les parlementaires à enquêter sur ces violations des droits humains et demande au ministère de l’Intérieur, dont dépendent ces centres d’enfermement extrajudiciaires, à y « accepter les visites des organisations de la société civile, des institutions parlementaires et constitutionnelles ainsi que des journalistes ».


La souveraineté nationale ne peut pas être « une excuse pour tolérer les violations des droits des migrants », martèle l’organisation. Elle exhorte les autorités à mettre fin aux « opérations d’expulsion ainsi qu’aux multiples formes de harcèlement psychologique qui pousse les migrants à se suicider ou à retourner en Libye ».


Le Forum fait d’ailleurs le parallèle entre la situation des étrangers en situation irrégulière en Tunisie à celles des Tunisiens se trouvant en situation comparable en Europe, estimant que « ces deux phénomènes ne sont que le résultat des politiques migratoires inhumaines opérant des deux côtés de la Méditerranée ».

Rached Cherif