Une enseignante suspendue à cause d’une minute de silence pour Gaza

 Une enseignante suspendue à cause d’une minute de silence pour Gaza

Illustration – Des élèves observent une minute de silence avec leur enseignante Sandrine Teboul, le 20 mars 2012 à Paris, au lendemain de la fusillade à l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse, qui a fait quatre morts, dont trois enfants. (Photo : Pierre Verdy / AFP)

Une professeure suspendue pour avoir fait observer une minute de silence en hommage aux victimes de Gaza est soutenue par les syndicats face à une sanction qu’ils jugent « insensée ».

Le 18 mars dernier, l’armée israélienne frappait la bande de Gaza, entraînant la mort de plus de 400 Palestiniens, selon le ministère de la Santé du Hamas. Le 26 mars, une professeure de physique-chimie du lycée Janot-Curie de Sens (Yonne) organisait une minute de silence en hommage aux victimes de Gaza.

Selon une information confirmée hier (21 mai) par le rectorat de Dijon, pour avoir pris cette initiative, la professeure est suspendue depuis le 31 mars à titre conservatoire. Selon Ici Auxerre, il lui est reproché un « manquement à l’obligation de respect de neutralité ». Une enquête disciplinaire a été lancée.

« Arbitraire »

« Cette mesure constitue une nouvelle pression arbitraire, s’ajoutant à la longue liste des accusations contre toute personne exprimant, de près ou de loin, son humanité et son soutien à une population anéantie », réagissaient Sud, CGT Éducation et FO de l’Yonne dans un communiqué commun (16 mai). Une mesure que les syndicats ont du mal à comprendre, d’autant plus que, le 13 février dernier au Sénat, la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, tenait un discours bien différent.

Les enseignants ont « la liberté pédagogique d’aborder le sort des victimes du conflit israélo-palestinien, et notamment des otages français et des victimes du 7 octobre, pour leur rendre hommage (…) mais aussi pour réaffirmer l’attachement sans faille de la République aux valeurs démocratiques et à la paix », déclarait l’ex-Première ministre.

Procédure disciplinaire

De son côté, le rectorat campe sur ses positions : « le respect de la neutralité est un devoir pour les fonctionnaires, inscrit dans leur statut, et tout manquement à cette obligation déclenche une procédure disciplinaire ». C’est ce que la direction des ressources humaines du rectorat de Dijon a notifié à la professeure, début avril.

Aucune information n’a été donnée concernant la fin de la mesure conservatoire. Les syndicats demandent la réintégration immédiate de la professeure, ainsi que l’abandon de toute poursuite.

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