Val-d’Oise : relaxe d’un maire après l’expulsion illégale d’un campement de Roms

Illustration – Photo : Christophe ARCHAMBAULT / AFP
La justice a estimé que l’infraction n’était pas caractérisée. Le maire de Villeron a été relaxé des poursuites pour l’expulsion illégale d’un campement en février 2023.
Le tribunal judiciaire de Pontoise a considéré que les éléments constitutifs de l’infraction ne sont pas caractérisés pour chacun des six prévenus. Le 5 février 2023, des habitants de Villeron, un petit village du Val-d’Oise à proximité de Roissy-en-France, au nord-est de Paris, ont organisé une manifestation pour faire part de leur « ras-le-bol ».
Depuis septembre 2022, des familles roms, 150 à 200 personnes, campent dans le bois de Villeron, dont la ville est chargée de l’entretien. Une procédure d’expulsion avait été engagée et était en cours. La manifestation a dérapé à l’approche du campement où vivent encore une vingtaine de personnes. Des insultes et des menaces ont fusé : « parasites », « dégagez », « rendez-nous notre bois », « on va tout cramer ». Sur une pancarte : « Villeron n’est pas ville rom ».
Les gendarmes ont fait écran pour empêcher les habitants d’y entrer et, finalement, les Roms ont quitté les lieux. Des habitants ont ensuite pénétré dans le campement et détruit les abris de fortune. Le maire a alors fait intervenir une pelleteuse pour creuser une tranchée et empêcher tout retour. L’engin sera également utilisé pour la destruction des baraques.
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« Population sans foi ni loi »
L’association Romeurope et la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre) se sont portées partie civile. À l’audience, le maire, Dominique Kudla, a réfuté tout antitsiganisme. Dans un bulletin municipal, cet édile sans étiquette, en poste depuis 2014, avait pourtant évoqué une « population sans foi ni loi ».
Dans ses réquisitions, la procureure a demandé sa relaxe, considérant qu’il avait été « présent mais en retrait ». Elle a requis la même chose pour les destructions de biens reprochées au maire, car le camp était vide de tout occupant et il n’y restait que des « habitations de fortune ».