Bouchra Baibanou, sur les toits du monde

 Bouchra Baibanou, sur les toits du monde

Acrhives personnelles de Bouchra Baibanou


Le 21 mai dernier, elle est devenue la première femme à brandir le drapeau marocain au pic de l’Everest. A son palmarès ? Six des plus hautes montagnes de la planète. Portrait d’une alpiniste qui ose aller toujours plus haut. 


C’est la randonnée qui a donné à Bouchra Baibanou l’envie d’escalader des montagnes. En 1995, elle gravit le Djebel Toubkal (4 167 m), le point culminant d’Afrique du Nord. Cette première ascension donne à cette ­quadra, ­native de Rabat, l’envie de continuer à grimper. Elle fonde d’abord Delta Evasion, une association qui promeut l’écotourisme au Maroc. En mars 2011, elle s’attaque au Kilimandjaro (5 895 m). Depuis, plus rien ne l’arrête. “Au Kenya, j’ai découvert l’existence du projet des sept sommets et je me suis dit ‘il faut oser rêver’”, poursuit l’alpiniste. La même année, la voilà tout en haut du Mont Blanc (4 810 m). En juin 2012, elle gravit le sommet le plus élevé d’Europe, le mont Elbrouz (5 642 m). En ­janvier 2014, elle se lance à l’assaut de l’Aconcagua (6 962 m), en Amérique latine. Six mois plus tard, la voilà à 6 190 m d’altitude sur le mont McKinley (rebaptisé le ­Denali en 2015), en Alaska. Octobre 2015, elle met le cap sur l’Indonésie pour gravir Puncak Jaya (4 884 m).


 


Préparation physique et mentale


Et elle enchaîne les défis. En mai dernier, cette fonctionnaire au ministère de l’Equipement et des Transports, maman d’une fille de 12 ans, est devenue la première ­Marocaine à se hisser au sommet de l’Everest (8 850 m). au terme d’une expédition de deux mois (photo). Pour réaliser de telles prouesses, Bouchra Baibanou s’astreint au quotidien à un entraînement régulier, alternant course, musculation, natation, yoga, complété par une alimentation saine et équilibrée. “La préparation mentale est tout aussi importante”, souligne cette ingénieure d’Etat en informatique, diplômée en gestion, qui, malheureusement, lors de sa dernière ascension, a été témoin de la chute mortelle de l’alpiniste suisse Ueli Steck.


“La montagne est une grande école. On y apprend la ­patience, la gratitude et à vivre le moment présent. Depuis que je me suis mise à l’escalade, plus rien dans mon quotidien ne me semble difficile. Avant, je me compliquais la vie. Maintenant, je profite de chaque instant. On grimpe avec des personnes de cultures et religions différentes, des amitiés se nouent, et on devient plus tolérant”, ajoute-t-elle.


Si l’alpiniste finançait elle-même ses premières ascensions, sa notoriété lui a permis de convaincre des sponsors quand elle s’est lancée dans la conquête du toit du monde. CIH Bank, OCP, MDJS, ANP, LafargeHolcim, SNTL, Groupe Efet, ­Fitnessma ont ainsi soutenu son aventure. Des aides bienvenues quand on sait que son budget oscillait entre 60 000 à 80 000 euros. “Au début, les gens s’interrogeaient sur le fait que je dépense de telles sommes pour vivre dans des conditions difficiles. Mais, ­depuis peu, je reçois de nombreux messages de personnes qui comprennent et partagent ma passion”, sourit-elle.


 


Prochain défi : le massif Vinson


En six ans, Bouchra Baibanou aura gravi six sommets. Pour clore son projet, il lui reste un défi : le massif ­Vinson (4 892 m), en Antarctique. Et après ? “J’aimerais partager davantage mon expérience avec les jeunes, les aider à trouver leur rêve. Leur propre Everest.” 


MAGAZINE SEPTEMBRE 2017

Fadwa Miadi