Tunisie. Démantèlement de plusieurs réseaux de spéculation agroalimentaire

Des unités spécialisées sont parvenues dimanche 19 octobre à démanteler des réseaux de monopole et de spéculation à travers le pays. Une opération d’envergure qui confirme la fermeté de l’Etat tunisien dans ce domaine où il ne relâche pas sa vigilance y compris hors des périodes de surconsommation.
Selon des sources sécuritaires, les unités ont mené une série d’opérations simultanées dans plusieurs gouvernorats, ciblant notamment des entrepôts et des abattoirs opérant en dehors des cadres légaux. Ces interventions ont permis la saisie de grandes quantités de marchandises et de produits alimentaires, stockés illicitement à des fins spéculatives. Plusieurs procès-verbaux ont été dressés, tandis qu’un nombre de contrevenants ont été interpellés et déférés devant la justice.
Les produits saisis ont été injectés dans les circuits de distribution officiels et dans les marchés de gros, afin d’assurer leur disponibilité pour les citoyens à des prix raisonnables, ajoute la même source.
L’aboutissement d’un long processus
Ces opérations, menées conjointement par les services du ministère du Commerce, les unités de la Garde nationale et les gouvernorats, ont permis de saisir d’importantes quantités de produits subventionnés, notamment la farine, le sucre et l’huile végétale, stockés illégalement en vue d’alimenter des circuits parallèles.
Selon les premières informations communiquées par les autorités, ces réseaux opéraient à différentes échelles, de la rétention volontaire de marchandises pour provoquer une hausse des prix à la constitution de stocks destinés à l’exportation clandestine. Les interventions ont concerné plusieurs régions, confirmant l’ampleur nationale du phénomène et la complexité des circuits de spéculation qui fragilisent l’approvisionnement des ménages.
Ce coup de filet s’inscrit dans la continuité d’une volonté politique affichée par le président de la République, Kaïs Saïed, depuis son arrivée au pouvoir et que d’aucuns taxent de populisme autour de ce focus particulier dans un secteur où les prix obéissent à des facteurs multiples. C’est que le chef de l’État a fait de la lutte contre la spéculation et la manipulation des prix un axe central de son action économique et sociale, estimant que ces pratiques participent d’une forme de “guerre contre la société”. À de multiples reprises, il a appelé via un langage guerrier à l’application rigoureuse de la loi contre “ceux qui affament le peuple” et s’enrichissent au détriment de l’intérêt collectif.
Dès l’été 2021 lors de plusieurs visites inopinées dans des dépôts ou marchés de gros, Kaïs Saïed avait dénoncé le rôle de certains “lobbies économiques” dans la perturbation de la distribution des produits de première nécessité, dont il aime à dire qu’ils sont devenus des « circuits destinés à affamer le peuple ». Pour le président, la spéculation constitue non seulement une infraction économique, mais aussi une atteinte à la souveraineté alimentaire et à la cohésion sociale du pays.
Le pouvoir assure à ce titre que la lutte se poursuivra sans relâche, à travers un renforcement du contrôle des circuits commerciaux et une meilleure traçabilité des produits subventionnés. Le ministère du Commerce a d’ailleurs rappelé que de nouvelles mesures de coordination entre les administrations régionales, les forces de sécurité et la justice sont en cours pour garantir une réponse rapide aux infractions.
Dans un contexte économique marqué par la flambée des prix et les tensions sur le pouvoir d’achat, ces opérations tentent de restaurer la régularité du marché et de protéger les consommateurs. Elles visent également à rétablir la confiance dans l’action de l’État, perçu par une partie de l’opinion comme le dernier rempart face aux dérives spéculatives qui continuent de miner la vie quotidienne des Tunisiens déjà impactée par l’inflation à deux chiffres dans l’alimentaire.
