Achraf Hakimi : « C’est une chance de jouer avec ces grands noms »

 Achraf Hakimi : « C’est une chance de jouer avec ces grands noms »

CAN 2021 – Achraf Hakimi célèbre le deuxième but de l’équipe du Maroc de football qu’il a marqué, lors du match Maroc-Malawi (2-1) au stade Ahmadou-Ahidjo de Yaoundé au Cameroun, le 25 janvier 2022. KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Nous mettons à disposition de nos lecteurs une interview que le Franco-Marocain Achraf Hakimi avait accordée à notre magazine le Courrier de l’Atlas. L’arrière droit du Paris Saint-Germain s’exprime sans langue de bois.

 

A bientôt 23 ans, le Marocain a été la recrue la plus onéreuse du mercato estival du PSG (65 millions d’euros). Véloce et polyvalent, le latéral droit arrive à Paris avec de grandes ambitions. Nous l’avons rencontré, souriant et détendu, au centre d’entraînement.

LCDL : Vous avez passé votre enfance en Espagne. Comment s’est-elle déroulée ?

Achraf Hakimi : C’était très compliqué, nous étions pauvres. Ma mère nettoyait les maisons et mon père était un vendeur ambulant. Nous venons d’une famille modeste, qui a toujours lutté pour gagner sa vie. En même temps, j’ai eu la chance d’avoir une enfance heureuse et épanouissante, je jouais avec mes frères et mes amis du quartier.

Nous avions de maigres moyens, mais nos parents se privaient pour nous offrir le meilleur. Je les remercie du fond du cœur d’avoir sacrifié leur temps et leur énergie pour nous. Aujourd’hui, je me bats tous les jours pour eux.

Quel rapport entretenez-vous avec le Maroc ?

J’adore y aller, même si, malheureusement, c’est moins fréquent ces derniers temps. C’est ma culture, j’aime tout ce qui se rattache au pays. Je suis musulman et je suis très attaché à ma patrie et à ma sélection. Je me sens bien lorsque je retourne à Ksar El Kébir, dans la maison de mes parents.

A quel moment avez-vous compris que vous aviez un talent pour le football et que vous pourriez en faire votre métier ?

J’aime jouer au football depuis toujours, je ne l’ai jamais vu comme un travail. C’est une passion qui m’a permis de m’amuser et de profiter avec mes amis. Aujourd’hui encore, alors que j’en vis, je prends toujours autant de plaisir à me retrouver sur un terrain et à jouer.

Quel cheminement vous a mené jusqu’au centre de formation du Real Madrid ?

J’ai commencé à jouer avec l’équipe de mon quartier, juste pour m’amuser. J’étais un peu meilleur que les autres, mais je ne pensais pas que je deviendrai joueur professionnel. A l’âge de 8 ans, on faisait des matchs de championnat chaque fin de semaine, et un jour, des recruteurs du Real Madrid ont assisté à une rencontre où je me suis fait remarquer. J’ai reçu une convocation.

Quand mon père me l’a annoncé, j’étais surpris, je ne m’y attendais pas du tout. Je suis allé à Madrid pour passer des tests et j’ai été retenu. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à évoluer et surtout à m’améliorer chaque jour un peu plus.

Vous avez ensuite évolué dans d’autres clubs, à Dortmund et à l’Inter Milan. Que vous ont apporté ces expériences ?

Elles m’ont apporté énormément au niveau footballistique, mais également à titre personnel. J’ai mûri, j’ai découvert des cultures différentes, appris des langues. Mes coachs ont été un formidable soutien, notamment Antonio Conte (entraîneur de l’Inter Milan, ndlr) qui m’a beaucoup appris.

Désormais à Paris, quels sont vos objectifs, collectif et individuel ?

Collectivement, les choses sont claires, nous voulons gagner tous les titres. Individuellement, je veux avant tout aider l’équipe, je suis à la disposition du coach et je jouerai au poste qu’il souhaite. Je dois profiter de cet environnement fait de grands joueurs pour grandir et devenir un bien meilleur footballeur.

Avec l’arrivée de cinq recrues majeures (Lionel Messi, Sergio Ramos, Georginio Wijnaldum, Gianluigi Donnarumma et Achraf Hakimi) cet été, le PSG est-il favori pour gagner la Ligue des champions cette saison ?

Non, je ne pense pas. On l’a bien vu lors de la première journée face à Bruges (1-1), ça va être très compliqué. Les équipes sont préparées et nous sommes très attendus.

Nous sommes désormais l’équipe à battre. Bien entendu, nous avons de grands joueurs, mais nous ne sommes pas les seuls. Il y a plusieurs candidats pour remporter La ligue des champions cette année. Ça va être une belle bataille.

Vous êtes encore jeune. Evoluer avec des joueurs comme Lionel Messi vous met-il une pression supplémentaire ?

Non. Je n’ai aucune pression à évoluer avec Messi et les autres grands joueurs qui complètent l’effectif. Il est très tranquille et nous sommes là pour nous entraider. C’est une chance de jouer avec eux, pas une contrainte et encore moins une pression.

La communauté marocaine est importante en France et notamment en région parisienne, ça a joué dans votre choix et celui de votre famille ?

Oui, en partie, je l’avoue. A Paris, il y a beaucoup de Marocains, de Maghrébins, une forte communauté musulmane, ça nous a influencés car je savais que je me sentirai comme à la maison, que je ressentirai leur amour. Ça m’a poussé à venir jouer ici.

Avez-vous hésité entre l’équipe nationale marocaine et celle d’Espagne ?

Non, je n’en ai jamais douté. Dès mon plus jeune âge, je rêvais de pouvoir porter le maillot de la sélection marocaine, notamment pour mes parents, pour ma famille. A la maison, tout le monde vibrait à chaque match des Lions de l’Atlas. Mon père suivait le championnat marocain à la maison, c’était une tradition.

Bien entendu, j’ai regardé et suivi l’équipe d’Espagne mais, chez nous, on ne parlait que des Lions. C’est la première sélection qui m’a contacté et honnêtement, j’étais le plus heureux du monde.

Comment est l’ambiance dans la sélection marocaine, qui a longtemps été plombée par des problèmes de clans ?

Je n’ai pas connu ces problèmes. Depuis mon arrivée, je suis dans un groupe jeune qui vit bien. On a gagné de gros matchs, réussi à retourner en Coupe du monde. Il y a un nouveau staff, avec un coach qui apporte sa vision et qui a, comme nous, de gros objectifs.

Nous tirons tous dans le même sens pour nous qualifier pour le prochain Mondial et gagner la Coupe d’Afrique des Nations 2022. J’ai eu la chance de remporter des titres en club, mais gagner pour mon pays, rendre fier tous nos supporters, c’est un rêve.

Votre signature au PSG a eu un impact énorme au Maroc et plus généralement au Maghreb, vous vous savez attendu ?

Oui, j’ai bien conscience que ma signature au PSG, a eu un énorme impact au Maroc. Ils sont très heureux de voir un Marocain évoluer au sein d’une des plus grandes équipes européennes.

Je suis heureux et très fier d’être suivi par le monde arabe, qui me supporte dans les bons comme dans les mauvais moments. Je vais continuer à donner le meilleur de moi-même en club et en sélection pour que les Marocains continuent d’être fiers de mes performances.

Propos recueillis par Najim Akichouh et Jonathan Ardines

 

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La rédaction