Un policier à Asnières : « Un bicot, ça ne nage pas »

 Un policier à Asnières : « Un bicot, ça ne nage pas »


Comme un disque rayé. Dans la nuit de samedi à dimanche, aux alentours de 2h du matin, quai du Moulin à l’Ile-Saint-Denis (93), des policiers du commissariat d'Asnières (92), en pleine interpellation ont tenu de graves propos racistes à l’encontre d’un jeune homme qui tentait de leur échapper. « Il ne sait pas nager, un bicot comme ça, ça nage pas ». « Ha ha, ça coule, tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied ». Des propos qui rappellent certaines heures sombres de la République, comme ce 17 octobre 1961 où des dizaines d'Algériens, peut-être entre 150 et 200, sont exécutés par la police de Papon. Certains corps sont retrouvés dans la Seine. La préfecture a annoncé avoir saisi l'IGPN, la police des polices. Une énième affaire incriminant la police française qui aurait pu être méconnue du grand public sans Alan et son frère * présents ce soir là.



A 2h du matin, vous dormiez..


Oui, c’est mon frère qui m’a réveillé, c’est lui qui a entendu les premiers bruits. Nous vivons dans une rue relativement calme, c’est une impasse.


Que se passe-t-il ensuite ?


Très vite, nous comprenons qu’il s’agit d’une intervention policière et comme ces dernières nuits ont été tendues à Villeneuve-La-Garenne, nous avons commencé à filmer. Moi j’ai sorti mon enregistreur pour avoir un meilleur son que celui du téléphone. Nous vivons à l’Ile-Saint-Denis, sur les quais de Seine, mais il n’y qu’un pont situé à quelques mètres de chez nous qui nous sépare de Villeneuve-La-Garenne. Nous avons été surpris surtout par le nombre de policiers : ils étaient plus d’une quinzaine pour un seul individu.


Sur le coup, vous vous rendez-compte que les policiers tiennent des propos racistes ?


Oui, oui. On a tous très bien entendu. Les policiers n’ont pas du tout essayé d’être discrets. Moi, j’étais derrière mon portail à 4 mètres d’eux.


Même si vous n’avez pas pu voir la scène, vous êtes persuadé que le jeune homme se faisait tabasser dans le fourgon ?


Oui, j’en suis sûr. Les cris du jeune homme ne laissent aucun doute pour moi. Il était en train de se faire tabasser.


Vous décidez ensuite de publier sur votre page Facebook la vidéo…


Oui, je n’ai pas hésité. Je ne peux pas tolérer que dans mon pays, des fonctionnaires de police tiennent ce genre de propos. Il faut que les gens sachent. Et que ce genre de comportement soit sanctionné. Et surtout, qu’ils s’arrêtent. Bien que je vive dans le 93, je ne me fais jamais arrêter par la police parce que j’ai la bonne couleur de peau et ceci n’est pas admissible.


Vous avez reçu aussi quelques menaces…


Oui. Ca vient de l’extrême droite. Mais ça ne me dérange pas : Je suis du côté de la justice et nous devons combattre tous les racismes.


* Le prénom a été modifié

Nadir Dendoune