Déchaînement de violence entre Bassem Braiki et Sadek Bourguiba

 Déchaînement de violence entre Bassem Braiki et Sadek Bourguiba


Ce qui avait commencé comme une joute verbale entre le vidéo blogueur Bassem Braiki et le rappeur Sadek a terminé en escalade sanguinaire, quasi meurtrière, d’une violence inouïe, filmée et mise en scène sur les réseaux sociaux. Pour mettre fin à la spirale de la vendetta qui a plongé Bassem dans le coma suite à son agression, les fans de ces deux franco-tunisiens stars du net appellent à une trêve.


 



(Images masquées mais violentes, pouvant choquer)


 


Les faits se sont déroulés tard dans la nuit de mardi, où l’artiste Sadek (28 ans), accompagné de plusieurs personnes (quatre à cinq selon des témoins), a sauvagement passé à tabac le youtubeur Bassem. Transporté aux urgences, le quadragénaire serait aujourd’hui dans un état stable, hors de danger, malgré une grave blessure à la tête causée par une arme.


La rixe s’est déroulée à Vénissieux, près de Lyon, fief du youtubeur Bassem Braiki. Sadek, qui devait se produire en showcase dans une salle de Saint-Priest le 8 février dernier a vu cette date annulée par les organisateurs en raison de « risques d’attroupement ».


Le rappeur a aussitôt tenu pour responsable l’un de ses rivaux, Bassem Braiki, streamer tunisien conservateur et ethniciste connu pour sa libre antenne sur YouTube, une émission qui prône notamment la non mixité entre maghrébins et africains. Depuis plusieurs semaines, Braiki évoque ainsi l’exemple de l’épouse du rappeur qui a selon lui « participé à des tournantes », un couple qu’il tenait publiquement en horreur.  


Le remue-ménage deux hommes a continué sur Snapchat et Twitter où ils se sont écharpés par messages interposés sur l’ensemble des réseaux sociaux. Le blogueur a par la suite invité le rappeur à venir s’expliquer de visu et a divulgué son adresse, indiquée sur une boite à lettres. L’explication a tourné court : sur une vidéo largement diffusée sur Internet ce matin, on pouvait voir Bassem Braïki se faire ruer de coups et lyncher jusqu’au sang à l’aide de battes de baseball et armes à plomb. Sur certaines vidéos, on entend l’un des agresseurs évoquer Neuilly-Plaisance, ville de Seine Saint-Denis d’où est originaire Sadek.


 


Violence ordinaire, banalisée et décomplexée


Sadek a dans la foulée publié sur les réseaux sociaux une vidéo tournée après l’agression. On y voit le rappeur les mains ensanglantées, chanter « eh oh, eh oh, on rentre du boulot ! », semblant satisfait de sa vengeance.


Le lendemain, le même Sadek a reconnu les faits dans une énième vidéo : « Je ne suis pas fier de moi. J’ai cédé comme un imbécile à la violence et à la haine parce qu’au bout d’un moment je ne supportais plus les menaces. Je me suis fait justice moi-même (…) Je vais payer pour ça et j’en suis totalement conscient. Ce qu’il va m’arriver c’est bien fait pour moi. Ne prenez pas ça en exemple », a-t-il regretté à moitié, assurant qu’il avait dans un premier temps essayé de porter plainte « comme un bon citoyen », sans succès. « C’est votre justice et sa lenteur qui rend fou les gens », avait-il twitté par ailleurs.


« J’espère que cette histoire servira d’exemple à tout le monde. J’espère que Bassem se remettra en question et qu’il réfléchira », a-t-il ajouté, apparemment apaisé.


Bassem Braiki venait d’être libéré, fin 2019, après avoir écopé d’une longue peine de prison ferme lui-même pour violence aggravée, et venait de reprendre ses activités sur sa chaîne Youtube, où il aime à dénoncer ce qu’il considère comme la décadence contemporaine de la communauté maghrébine.     


 


Bassem en convalescence selon ses proches


« Par instinct de survie, il a réussi à monter chez lui, où ma mère l’a récupéré et appelé les pompiers », a déclaré Bayrem Braïki, frère de la victime et élu PCF à Vénissieux, dans un communiqué relayé par Le Progrès.


« Heureusement, mon frère va mieux, son état n’est plus critique », a ainsi rassuré Bayrem qui a appelé au calme contre les menaces de représailles. « Et en plus de messages de soutien à ma famille, on voit fleurir des appels à la violence et la vengeance. Que ce soit clair, notre famille ne veut pas de ça ! Nous sommes des victimes et nous voulons réparations, mais par la justice. Qu’elle fasse son travail sereinement », a-t-il demandé.


Une enquête en flagrance a été ouverte pour violence avec arme et en réunion par le parquet de Lyon. « Convoqué chez la juge, c’est pas grave ; Elle a reconnu ma tête, c’est pas grave ; Je vais finir au placard, c’est pas grave », rappait déjà Sadek en 2013. Des paroles littéralement prémonitoires.

Seif Soudani