Exposition Canal Marches : Belleville, Ménilmontant, terres d’immigration

Belleville, Ménilmontant, deux quartiers de l’Est parisien dont l’histoire est nourrie par l’immigration. L’association Canal Marches rend hommage à ces quartiers vivants avec une exposition et des vidéos réalisées par des acteurs associatifs et des habitants des quartiers populaires. Pas moins de deux siècles d’immigration ont façonné ce qui reste un des endroits les populaires de Paris, Belleville-Ménilmontant.

Vagues d’immigration

Depuis la fin du 19^e siècle, des vagues successives d’immigration ont modelé les quartiers de Belleville et Ménilmontant autrefois terre de culture de la vigne. Allemands, Italiens, Polonais, Juifs d’Europe centrale, Grecs, Arméniens, Espagnols, autant d’ouvriers, d’artisans venus chercher fortune dans ce coin de l’Est parisien dans la première moitié du 20^e siècle.

Après le seconde guerre mondiale, les cartes ont été rebattues et la France voit arriver l’immigration africaine. Dans le vingtième arrondissement, c’est plus une immigration algérienne qui est venue reconstruire le pays et travailler dans emplois les plus pénibles.

Tout ceci sans aucune considération comme le rappelle Soad Baba Aissa, militante de l’Association de Culture Berbère, dans le documentaire « Belleville, Ménilmontant, Terres d’accueil ? » qui sera diffusé ce soir (6 octobre, 18h30) dans le cadre de l’exposition : « Très longtemps les politiques ont fait comme si ces hommes étaient des bêtes de somme et qu'ils n'avaient besoin de rien. Ce n'est qu'à partir de 1974, avec les lois sur le regroupement familial, que l'on voit arriver les femmes et les enfants dans des logements insalubres où le saturnisme et la tuberculose existaient ».

Nationalité française ?

En retraçant cette histoire de l’immigration des quartiers Belleville et Ménilmontant, et notamment celle de l’immigration africaine, l’exposition permet de comprendre les racines des maux qui rongent cette partie de la société française, comme si la deuxième et troisième génération de fils et filles d’immigrés n’auraient pas mérité leur nationalité française.

Une exposition riche et intéressante, à plus d’un titre, montée par l’association Canal Marches, composée de professionnels de l’audiovisuel, de chômeurs, précaires et militant des mouvements sociaux. Un volet « Aux caméras, citoyennes et citoyens ! » permettra de découvrir les vidéos réalisées par les habitants et acteurs associatifs dans le cadre de l’Université populaire audiovisuelle de Canal Marches (l’Upopa).

F. Duhamel

Exposition Canal Marches. Du 5 au 20 octobre. Mairie du XXème arrondissement de Paris