Gaza : Washington veut sanctionner une Rapporteure de l’ONU jugée « gênante »

Le 3 juillet 2025, Francesca Albanese a présenté son rapport sur les droits humains en Palestine au Conseil des droits de l’homme. Capture d’écran/YouTube
Les États-Unis ont annoncé (9 juillet) vouloir sanctionner Francesca Albanese, accusée d’inciter la Cour pénale internationale à prendre des mesures contre les dirigeants américains et israéliens.
« La campagne de guerre politique et économique d’Albanese contre les États-Unis et Israël ne sera plus tolérée », avertissait hier (9 juillet) sur X Marco Rubio, chef de la diplomatie américaine. Dans le viseur des États-Unis : la Rapporteure spéciale de l’ONU pour les Territoires palestiniens, Francesca Albanese.
Depuis plusieurs mois, cette dernière pointe la politique menée par Israël et les États-Unis, notamment concernant la bande de Gaza. Acculés, les dirigeants américains ont décidé d’être offensifs, à l’image de Marco Rubio :
« Aujourd’hui, j’impose des sanctions à la Rapporteure spéciale du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Francesca Albanese, pour ses efforts illégitimes et honteux visant à inciter la Cour pénale internationale (CPI) à prendre des mesures contre des responsables, des entreprises et des dirigeants américains et israéliens. »
Un rapport gênant
La charge des États-Unis contre Francesca Albanese intervient après plusieurs invitations de cette dernière à faire respecter le droit international, notamment par les autorités israéliennes.
Dans son rapport From Economy of Occupation to Economy of Genocide, paru début juillet, la Rapporteure spéciale de l’ONU expose les liens entre l’action israélienne et le soutien de certaines grandes entreprises américaines.
« Il montre comment les entreprises ont alimenté et légitimé la destruction de la Palestine. Le génocide, semble-t-il, est rentable. Cela ne peut pas continuer, l’obligation de rendre des comptes doit désormais être imposée », expliquait Francesca Albanese sur X (1er juillet).
Danny Danon, ambassadeur israélien, a félicité l’initiative de Marco Rubio et dénoncé la « campagne incessante et partisane contre Israël et les États-Unis » menée par Francesca Albanese.
« Réduire au silence »
Cette volonté de sanctionner la Rapporteure de l’ONU « vise en fait à réduire au silence une experte de l’ONU pour avoir fait son travail – dire la vérité sur les violations israéliennes contre les Palestiniens et appeler les gouvernements et les entreprises à ne pas être complices », selon Liz Evenson, directrice de la division Justice internationale à Human Rights Watch.
En février, Francesca Albanese avait vivement critiqué le projet d’occupation de la bande de Gaza, et le déplacement de la population, annoncé par Donald Trump. « Les gens parlent de nettoyage ethnique. Non, c’est pire… C’est une incitation à commettre des déplacements forcés, ce qui est un crime international », avait-elle réagi. Avant d’ajouter : « Et dans le contexte d’un génocide… cela renforcera la complicité dans les crimes qu’Israël a commis au cours des 15 derniers mois et avant. »


