Grève générale des jeunes médecins en Tunisie

Des négociations entamées entre l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM) et le ministère de la Santé se sont soldées par un échec, d’après un communiqué rendu public en ce 29 avril 2025. L’organisation dénonce l’absence d’avancées concrètes malgré la reconnaissance officielle du bien-fondé de ses revendications.
Une réunion tenue lundi avec le département de tutelle n’avait ainsi pu déboucher sur aucun accord. L’OTJM dénonce en effet une attitude qu’elle qualifie de « forme de désinvolture » face à des demandes jugées urgentes, considérant que le ministère fait preuve d’un manque de volonté politique et poursuit une stratégie de temporisation. Pour l’organisation, il s’agit d’un nouvel épisode d’une politique marquée par l’inaction et l’indifférence face aux préoccupations du corps médical en début de carrière.
Dans ce même communiqué, l’organisation syndicale affirme que les autorités sanitaires sont parfaitement conscientes des conditions économiques précaires et des difficultés professionnelles sévères que subissent les jeunes médecins dans les structures hospitalières. Mais en dépit de cela, le ministère se retrancherait derrière des « complications procédurales » pour justifier son immobilisme, selon l’OTJM, qui dénonce la persistance d’une bureaucratie pesante au détriment de la dignité des soignants et de la qualité des soins.
Impasse dans les négociations
Face à ce blocage, l’Organisation tunisienne des jeunes médecins maintient par conséquent son appel à une grève générale et à une marche nationale tous deux prévues le vendredi 2 mai. L’OTJM affirme son engagement total en faveur des revendications portées par ses membres et appelle à une mobilisation forte pour faire entendre leur voix.
Le syndicat fustige ce qu’il qualifie de mépris des conditions de travail et des droits des jeunes praticiens, insistant sur la précarité matérielle et les difficultés structurelles qu’ils rencontrent quotidiennement dans les hôpitaux. Le bureau national de l’organisation a enfin réaffirmé son rejet de toute tentative de dilution ou de tergiversation dans la gestion de ce dossier.
Pour rappel, le secrétaire général de l’Ordre des médecins de Tunisie, Nizar Ladhari avait pour sa part fait savoir que près de 1400 médecins au total ont quitté la Tunisie en 2024 vers divers pays étrangers, parfois pour des salaires ne dépassant pas le SMIC en France notamment.
Il a expliqué cette tendance également par les conditions de travail dans les hôpitaux, les violences subies par le cadre médical, ainsi que les arrestations des médecins dans le cadre de l’exercice de leur fonction. Une fuite des talents qui « menace l’équilibre du système de santé tunisien, qui peine à retenir ses professionnels ». Ladhari a précisé que l’Ordre avait demandé, à maintes reprises, une présence policière fixe dans les hôpitaux : « le ministère de la Santé a fini par prendre en considération cette demande, mais trop peu trop tard ».
Le vice-président de l’OTJM, Baha Eddine Rabii rappelait à la mi-avril dernière qu’un jeune médecin tunisien touche un à trois dinars (soit moins de 0,3 euro) par heure de garde.
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