Les entreprises implantées dans les colonies contribuent à un système « illégal » selon une ONG

 Les entreprises implantées dans les colonies contribuent à un système « illégal » selon une ONG

Human Rights Watch dénonce dans un rapport la contribution des entreprises à la pérennisation des colonies illégales et à la violation des droits des Palestiniens.


Les entreprises implantées dans les colonies israéliennes de Cisjordanie occupée qui apportent leur contribution à un « système fondamentalement illégal » et à une « violation » des droits des Palestiniens doivent cesser leurs activités, selon Human Rights Watch (HRW). Alors que le premier ministre français durcit le ton contre les militants prônant un boycott des produits israéliens, notamment ceux produits dans les colonies, l’ONG publie un rapport très critique de la politique israélienne.


 


Soutien à « la confiscation illégale » de terres


Dans un rapport, cette ONG basée aux États-Unis dénonce la politique israélienne en Cisjordanie qui consiste pour le gouvernement à soutenir la colonisation et « la confiscation illégale » de terres palestiniennes. Ce document critique les entreprises, y compris étrangères, liées aux colonies notamment dans les secteurs du ciment et de l'immobilier, car elles cautionnent « le traitement privilégié accordé aux colons pour pratiquement tous les aspects de la vie en Cisjordanie ».


« L'économie liée à la colonisation contribue à la politique du gouvernement israélien qui dépossède et discrimine durement les Palestiniens tout en profitant du vol des terres palestiniennes et d'autres ressources », affirme Arvind Ganesan, un responsable de HRW. « La seule façon pour le monde des affaires de respecter ses responsabilités en matière de droits de l'Homme est de cesser de travailler avec et dans les colonies », ajoute-t-il.


Un axe sur lequel la Commission européenne travaille déjà en imposant depuis fin 2015 l’étiquetage des produits des colonies israéliennes, au grand dam de Tel-Aviv. En France en revanche, Manuel Valls s’en est pris à la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanction) en l’assimilant à un mouvement anti-israélien, voire antisémite. Le 20 octobre déjà un arrêt de la Cour de cassation française avait confirmé la condamnation de 14 personnes qui avaient appelé au boycott de produits israéliens, faisant de la France le seul pays au monde où l’appel au boycott d’un État tiers est illégal.


 


Rapport « partial » pour Israël


Sollicitée par l'AFP, l'unité du ministère de la Défense chargée des affaires civiles en Cisjordanie n'a pas commenté le rapport de HRW. « Au moment où Israël et la communauté internationale prennent des mesures pratiques pour stimuler l'économie palestinienne et accroître le nombre d'emplois, Israël s'inquiète de l'impact d'un rapport partial et politisé qui met en danger le gagne-pain de milliers de Palestiniens tout en décourageant des rares exemples de coexistence, de coordination et de coopération entre Israéliens et Palestiniens », a pour sa part réagi le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.


Israël occupe la Cisjordanie depuis la guerre de juin 1967 et plus d'un demi-million d'Israéliens vivent dans cette région ainsi qu'à Jérusalem-Est annexée. Les accords sur l'autonomie palestinienne conclus en 1993 à Oslo ont conduit à la création de trois zones en Cisjordanie. La zone dite « C », qui s'étend sur 60 % de la région, est restée entièrement sous le contrôle israélien. L'Autorité palestinienne exerce des pouvoirs limités dans les zones A et B.


Les colonies de Cisjordanie, érigées sur des terres palestiniennes, sont considérées comme illégales par la communauté internationale et comme un obstacle majeur à la paix. HRW estime que les firmes étrangères actives en zone « C » aident les colonies alors qu'Israël « interdit aux Palestiniens d'y construire ou d'exploiter des ressources naturelles ».


Rached Cherif

Rached Cherif