« Imprévisible » : Tahar Mguedmini expose à Casablanca, entre silence et lumière

 « Imprévisible » : Tahar Mguedmini expose à Casablanca, entre silence et lumière

Ses œuvres sont exposées à travers le monde et figurent dans des collections prestigieuses, dont celle du British Museum

Le vernissage de l’exposition « Imprévisible » de l’artiste tunisien Tahar Mguedmini s’est tenu, mardi 17 juin à Casablanca, en présence de nombreux amateurs d’art et de culture.

Organisée par African Arty Gallery, en partenariat avec la galerie bruxelloise Obafricart, cette exposition individuelle, visible jusqu’au 15 septembre, s’inscrit dans une dynamique de rayonnement des voix artistiques africaines contemporaines au-delà des frontières.

Cette initiative s’inscrit également dans la continuité des liens culturels anciens et féconds qui unissent la Tunisie et le Maroc. Ces échanges n’ont jamais cessé, portés par une histoire commune de dialogues, de partages et de complicités artistiques.

L’imprévisible comme moteur de création

Tahar Mguedmini explore dans cette exposition l’imprévisibilité comme principe fondateur de son geste créatif. Ses toiles traduisent une tension constante entre le silence et le mouvement, entre apparition et disparition. C’est une écriture picturale libre, habitée par une vibration singulière.

À travers ces œuvres, l’artiste invite à un voyage introspectif, dans un temps suspendu, baigné d’une lumière nouvelle, où l’art devient un événement en soi. L’exposition dévoile notamment une silhouette récurrente : l’homme en noir, figure spectrale et silencieuse, traversant plusieurs toiles.

« Peindre, c’est marcher dans l’inconnu »

« Peindre, pour moi, c’est marcher dans l’inconnu. Je n’ai jamais voulu dominer la toile, je l’écoute. L’imprévisible, c’est ce qui me guide, ce qui me surprend encore après tant d’années. C’est une manière de rester vivant dans le geste, dans le regard », confie l’artiste.

Et de poursuivre : « L’homme en noir n’est pas un personnage. C’est une présence. Il incarne l’invisible, ce qui se tait, ce qui veille. Dans un monde saturé de bruit et d’images, j’essaie de proposer une forme de silence visuel, une respiration ».

Un dialogue artistique entre les deux rives

Au-delà de l’exposition, ce rendez-vous artistique illustre la vitalité des passerelles culturelles entre la Tunisie et le Maroc. Depuis toujours, les artistes tunisiens trouvent au Maroc un écho naturel à leurs recherches et à leurs démarches. À travers « Imprévisible », cette dynamique d’échanges s’enrichit d’une nouvelle page.

« Tahar Mguedmini est un artiste qui déjoue les catégories et résiste à toute forme de mode. Son œuvre interroge des dimensions universelles : le passage du temps, le mystère du corps, la mémoire », explique Ouissam Barbouchi, président fondateur de la Galerie Obafricart.

Et d’ajouter : « Avec une trentaine d’œuvres, Imprévisible n’est pas une simple exposition, c’est une expérience à vivre. Chaque toile est une énigme, un fragment de récit suspendu, une invitation à ralentir et à ressentir autrement ».

Une carrière internationale, ancrée à Djerba

Né en 1948 sur l’île de Djerba, Tahar Mguedmini est une figure majeure de la scène artistique tunisienne et internationale. Formé à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Tunis, puis à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, il a construit une trajectoire singulière entre Zurich, Paris et Djerba, où il vit depuis 1989.

Ses œuvres sont exposées à travers le monde et figurent dans des collections prestigieuses, dont celle du British Museum. Avec cette nouvelle série, l’artiste poursuit une recherche picturale exigeante, où la peinture devient force vitale, énergie brute et chaos maîtrisé.

Entre lumière de Djerba et résonance casablancaise, « Imprévisible » est aussi le témoignage vibrant de cette amitié culturelle continue entre la Tunisie et le Maroc, riche de dialogues et de partages.

>> Lire aussi : Ahmed Ben Yessef, icône de l’art plastique marocain, expose à Séville